Pourquoi le clan Moubarak provoque l’Algérie
Le régime de Moubarak a d’ores et déjà commencé à chauffer les tambours de la campagne présidentielle pour l’élection présidentielle de 2011. En parfait stratège, le président Moubarak tente par tous les moyens de faire accepter l’idée d’imposer son fils comme successeur légitime.
Une qualification de l’Egypte pour le Mondial de 2010 aurait certainement remonté le moral des Egyptiens et c’est sans doute la raison pour laquelle le président égyptien a vécu cette défaite comme un drame personnel. L’escalade entre Moubarak et Bouteflika cache certainement des dessous politiques qui dépassent largement le cadre sportif.
Mais ce qui apparaît évident de prime abord est que le clan du président Moubarak espère faire oublier les tracas quotidiens des Egyptiens en retournant l’opinion contre un ennemi commode : l’Algérie.
Hosni Moubarak, le père-président
Dans un livre paru récemment aux éditions La Découverte et intitulé Egypte, l’envers du décor, Sophie Pommier estime que Moubarak représente en Egypte la figure du « père- président » toujours omniprésente en Egypte depuis Gamel Abd Nasser. « Voulant sortir de cette image ‘soviétique’ du régime, limitera rapidement les affiches et autres effigies à sa propre gloire », explique-t-elle.
Il faut dire qu’immédiatement après la mort de Sadate, Moubarak a profité de sa place confortable au sein des cercles militaires pour enfin passer du statut de vice-président à celui tant convoité de chef de l’Etat. Avec le temps, Moubarak va utiliser le parti présidentiel, le PND, pour s’assurer une emprise politique et mettre en place l’impossibilité de se faire remplacer par un quelconque outsider.
Comme le déclare Sophie Pommier, « le PND, qui compte aujourd’hui 2 millions de membres, est le passage quasi-obligé pour obtenir un siège au Parlement ». Le président Moubarak lui-même n’a pas dit s’il se présenterait pour un sixième mandat ni dit ouvertement s’il voulait passer le relais à son fils.
Gamel Moubarak, l’héritier incontournable
Depuis plusieurs années déjà, la « question politique » majeure qui obsédait les Egyptiens était de savoir qui succédera à Hosni Moubarak lorsque celui-ci ne pourra plus assumer ses fonctions ? Sophie Pommier souligne, à ce propos, que « la perspective d’une succession dynastique semble d’autant plus plausible qu’elle est en phase avec une tendance observée dans l’ensemble du monde arabe, y compris dans des systèmes non monarchiques ». Pour certains, Hosni Moubarak aurait choisi de briguer en 2005 un cinquième mandat de six ans une manière de « mieux préparer le terrain » de sa succession. Gamal Moubarak, marié à Khadidja, fille d’un célèbre homme d’affaires local, est aujourd’hui le mieux placé pour prendre le pouvoir et perpétuer le travail de son père.
Le 1er novembre dernier, dans un long discours devant le PND dont il est secrétaire général adjoint, Gamal Moubarak, 45 ans, a pris une posture de présidentiable même s’il n’a pas formellement annoncé de candidature pour le scrutin prévu en 2011. Déjà, les « Gamal boys » ont engagé une campagne pour le maintien de la famille Moubarak au pouvoir.
L’opposition égyptienne, de son côté, redouble d’activité pour proposer une alternative à ce qu’elle appelle une transmission « héréditaire » du pouvoir qui perpétuerait l’emprise du « clan » Moubarak. « Moubarak = répression, Gamal = corruption » est en ce moment le slogan le plus en vogue en Egypte.
Suzanne Moubarak, l’épouse discrète
Discrète, la femme du président Moubarak se charge des questions de l’enfance et de la femme. Elle espère donner une bonne image de sa famille à travers les actions caritatives.
Pendant que la médiation égyptienne n’arrivait pas à trouver une issue favorable à l’agression israélienne contre Ghaza, l’épouse du chef de l’Etat égyptien essaye de sauver la face : « Tous les Egyptiens sont frustrés, en colère, quand ils voient les images des souffrances palestiniennes sur al Jazeera.
Tout le monde veut que cette tragédie s’arrête, qu’un cessez-le-feu durable soit conclu. Il y a urgence à agir pour protéger la vie des civils. Cette guerre ne connaîtra pas de vainqueur. Nous serons tous perdants. Comment pourra-t-on ensuite sérieusement reparler de processus de paix ? Je ne crois pas qu’un pays arabe puisse être déstabilisé, car la grande majorité des Arabes veut la paix », a-t-elle dit.
Alaâ Moubarak, le sulfureux
Le fils aîné de Hosni Moubarak, Alaâ, d’habitude discret et n’aimant pas être sous les feux de la rampe, s’est distingué ces derniers jours par des propos haineux contre les Algériens. Intervenant sur une chaîne de télévision locale, il a estimé que l’Egypte devait « prendre position » et riposter « à la terreur et à l’hostilité » subie par les Egyptiens à Khartoum.
Alaâ Moubarak a jugé « impossible que nous, Egyptiens, supportions cela. Nous devons nous dresser et dire ’assez’ ». « Si vous insultez ma dignité (…) je vous frapperai à la tête », a-t-il encore lancé. Sur la chaîne égyptienne Nile TV, le fils du président Hosni Moubarak a traité les Algériens de « mercenaires, juifs et terroristes ».
Le coup médiatique du fils aîné du président est réussi. Sur le réseau social Facebook, un millier d’internautes égyptiens lui demandaient de se présenter aux élections, voyant en lui un « homme qui n’accepte pas l’humiliation du peuple égyptien ». Ces faits prouvent, si besoin est, que la campagne médiatique immonde qui sévit en ce moment est le seul fait d’une famille qui veut rester au pouvoir.
Par Amel B.