Hypertension, stress, retard, absentéisme… Les effets ravageurs des embouteillages

Hypertension, stress, retard, absentéisme… Les effets ravageurs des embouteillages

Les encombrements sur nos routes ont des effets beaucoup plus néfastes qu’on ne le croit. Outre la perte de temps et ses répercussions économiques, les embouteillages génèrent différentes maladies dues au stress. Ceci sans compter la pollution.

Les embouteillages, qui rongent les grandes villes du pays, constituent une des préoccupations majeures des citoyens, tant, tous les plans annoncés, jusque-là, par les pouvoirs publics à l’effet d’assurer une fluidité de la circulation automobile se sont avérés vains. Les véhicules roulent à pas de tortue, passant de longues heures pour parcourir des distances d’à peine quelques kilomètres.

Impossible d’arriver à sa destination au moment voulu, sinon il faudrait se lever très tôt. Cette réalité est la cause d’une pression et d’un stress permanents pour les automobilistes, qui finissent le plus souvent, par payer de leur santé. «Je suis devenu hypertendu à cause de ces énormes embouteillages qui bloquent les axes routiers de la capitale. Je suis actuellement dans l’obligation de suivre un traitement régulier», témoigne Omar, la quarantaine, cadre moyen dans une administration publique à Alger-centre. «J’ai commencé à me sentir fragile, nerveux et parfois incapable de me tenir debout pour quelques minutes. J’ai consulté un médecin généraliste, qui m’a vite orienté vers un cardiologue. Après avoir fait des bilans, il s’est avéré que je souffre d’hypertension artérielle.

Le médecin m’a clairement expliqué que cela est dû à la pression qui s’empare de moi dans les embouteillages, me rassurant qu’un grand nombre de personnes ont subi le même sort», ajoute encore notre interlocuteur. A quarante ans, Omar a attrapé une maladie généralement «réservée»aux personnes ayant dépassé la soixantaine ! Les embouteillages ne portent, donc, pas seulement préjudice à la vie quotidienne, mais représentent également un danger permanent pour la santé publique.

Lors d’une rencontre tenue, récemment, à Alger sur ce sujet, le professeur Bengounia Abdelouahab du service épidémiologie et de médecine préventive à l’hôpital Mustapha-Pacha a souligné que les embouteillages sont en partie responsables de l’augmentation des cas de cancers, de maladies coronariennes, cardiovasculaires, etc. «Il a été démontré que le stress durant la conduite, constitue le facteur étiologique à de nombreuses affections dont certaines sont mortelles », a encore expliqué ce spécialiste, tirant, à cette occasion, la sonnette d’alarme quant à cette menace qui pèse lourdement sur la santé physique et psychologique des citoyens. La longue période passée dans le véhicule, une sédentarité forcée, est aussi à l’origine d’affections touchant essentiellement la colonne vertébrale, les épaules et les pieds.

«Pour sortir indemne de cette sédentarité nocive, nous sommes obligés de passer le week-end au niveau des cures thermales. Il s’agit-là de conseils de médecins, qui nous ont expliqué la nécessité de cette thérapie pour prévenir de graves maladies», affirment plusieurs automobilistes, conscients des effets dangereux de ce fléau qui empoisonne la vie des Algériens partout à travers les grands espaces urbains du pays.

Le côté psychologique n’est pas épargné, puisque les nerfs sont aujourd’hui à fleur de peau et nos routes sont devenues des scènes d’insultes et d’injures, arrivant, parfois, même aux bagarres. Il s’agit d’expression de malaise, de frustration et de colère permanente au volant. Ces aspects sont rarement évoqués par les hauts responsables du pays, mais leurs conséquences sont très lourdes pour le citoyen.

A.H