«La forme détermine le fond», dit un dicton. Cet adage peut être un paramètre d’appréciation de la gestion des institutions de base de l’Etat et du comportement par rapport à leur mission d’un bon nombre d’élus ou responsables administratifs activant dans la wilaya de Boumerdès.
Verdict d’un vieux militant outré par l’état des lieux : «A regarder la situation de l’hygiène publique et du respect de l’environnement et des lois urbanistiques dans certaines localités de la wilaya de Boumerdès, force est de conclure que ni les maires de ces localités, ni les collectifs d’élus, pas plus que les administratifs n’ont une haute opinion de leur noble mission, du prestige des institutions qu’ils dirigent, de leurs administrés, encore moins d’eux-mêmes.
Pourtant l’Etat ne lésine pas sur les moyens législatifs, financiers et matériels pour aider les collectivités locales à donner un meilleur visage des espaces de vie des populations à prendre soin de la propreté des cités dont ils ont la charge et faire respecter les lois sur l’environnement et l’urbanisme.»
Tout récemment, le maire de Tidjelabine (MPA) n’a pas trouvé mieux que de se révolter contre sa hiérarchie en soutenant des gens qui construisent illégalement des habitations sur un terrain public récupéré à la suite de l’éradication des chalets, empêchant ainsi l’implantation de projets publics (écoles ou infrastructures sanitaires et socioculturelles).
Le comportement du P/APC n’est malheureusement pas un acte isolé. En effet, certains élus refusent carrément de faire appliquer les lois de la République pour ne pas déplaire à leur clan, à leur tribu ou tout simplement à des voyous de la région.
«Certains responsables locaux n’ont ni la carrure ni la culture urbaine pour diriger une grande agglomération. C’est la conséquence de l’électoralisme populiste et la course au mangeoire. Les partis politiques qui ne demandent jamais des comptes à leurs élus endossent la grande partie de la responsabilité sur ce gâchis.»
Le verdict d’un ingénieur est sévère mais colle à l’amère réalité. Effectivement, on n’a jamais été informé d’une quelconque réunion des élus avec leurs partis respectifs pour rendre compte de leur gestion. Sur un autre aspect, c’est l’esprit de la dechra qui hante les jours des villes.
Parfois même les chèvres et les moutons déambulant dans les rues des villes améliorent ce folklore. La ville de Boumerdès, première capitale administrative de la République algérienne naissante, chef-lieu de wilaya, ville universitaire, siège d’entités de recherche scientifique, n’échappe plus à cette ruralité régressive.
Pour faire cet amer constat, il suffit de circuler dans n’importe quelle commune de la wilaya de Boumerdès.
Les constructions illicites se multiplient et n’importe qui peut construire à tout moment, là où il veut sur un terrain domanial ou bien communal. Les constructeurs illicites n’osent jamais toucher les terrains privés.
Dès lors, on peut soupçonner, légitimement, les élus et les agents de l’urbanisme de complicité avec ces gens ou d’avoir honte de défendre les biens de l’Etat. Alors à quoi servent les mandats électifs et les salaires versés aux agents de l’administration ? L’Etat n’est-il pas trahi ? Au niveau de la propreté, le constat est lamentable. Les rues et les alentours des villes offrent des images hideuses faites d’ordures qui jonchent les trottoirs.
A Khemis-el-Khechna, les citoyens ont fermé, il y a quelques semaines, la route pour dénoncer l’écoulement des eaux usées non loin du centre-ville. Dans toutes les agglomérations urbaines de la wilaya de Boumerdès, on n’échappe jamais à la poussière, quand il fait sec, ou à la boue, dès les premières gouttes de pluie.
Concernant l’environnement, tout le monde agit comme si aucune loi n’existe dans le pays. Les oueds sont obstrués par les détritus, d’autres sont désormais pollués.
C’est le cas de l’oued Corso qui, depuis plusieurs mois, reçoit chaque jour le liquide polluant (lixiviat) découlant des amas d’ordures du CET (Centre d’enfouissement technique) de la même localité. Ce liquide, dangereux, arrive jusqu’à la plage de Corso. Qui enquêtera sur l’achat des équipements de ce CET ? Le pillage de sable se poursuit, livrant les terres fertiles à haut rendement, les nappes phréatiques et le potentiel touristique balnéaire des communes de Boudouaou-el-Bahri, Corso, Thénia, Zemmouri, Cap-Djinet, Sidi-Daoud, Baghlia, Dellys et Afir à la destruction.
La liste des méfaits résultant du laisser-aller est encore longue
Abachi L.