Hydrocarbures : Une réforme de la loi pour booster les investissements

Hydrocarbures : Une réforme de la loi pour booster les investissements

L’Algérie a besoin de changer sa loi sur les hydrocarbures pour attirer les investisseurs étrangers dans l’industrie pétrolière et gazière. C’est le vœu émis par le P-dg de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, depuis le site de production de gaz de Rhourd El Baguel, à Hassi Messaoud, où il se trouvait lundi.

Selon Reuters qui le cite nommément, c’est un appel clair à la réforme de la loi sur les hydrocarbures – n° 05-07 de 2005, déjà amendé par la loi n° 13-01 du 20 février 2013 relative aux hydrocarbures – que M. Ould Kaddour adresse au gouvernement, car convaincu que l’amendement de ce texte permettrait au pays d’augmenter sa production d’hydrocarbures et de compenser la chute des prix des cours.

« Nous sommes en train de discuter avec le gouvernement à la rendre [loi sur les hydrocarbures, Ndlr] plus attrayante pour les investissements ; j’entends que les taxes et le cadre juridique sur l’exploration doivent être changés », a déclaré M. Ould Kaddour ; annonçant dans la foulée que le groupe qu’il dirige négocie actuellement avec ENI et Total « de grands projets, y compris dans l’optimisation de la production, la pétrochimie et l’énergie solaire ».

En ce qui la concerne, la Sonatrach avait adopté une approche plus souple avec des entreprises étrangères, concluant des négociations bilatérales plutôt que de recourir aux appels d’offres ; qui ne rencontrent pas souvent le « rush » et l’intérêt attendus : on se souvient qu’il y a quelque temps, sur 31 périmètres pétroliers mis aux enchères, seulement 4 ont trouvé preneurs. D’ailleurs, depuis la promulgation de la loi 05-07, en 2006 puis en 2013, l’Algérie a lancé cinq appels d’offres pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures qui se sont soldés par une maigre fournée !

Quoi qu’il en soit, l’Algérie cherche à augmenter sa production de pétrole, même si, actuellement, elle mise davantage sur le gaz qu’elle récupère massivement : le pays s’attend à ce que ses exportations de gaz atteignent 57 milliards de mètres cubes cette année, contre 54 milliards en 2016. Sa production est passée de 132,3 milliards l’année précédente à 132,2 milliards de mètre cubes en 2016. C’est à ce titre justement que le P-dg de Sonatrach avait fait le déplacement à Hassi Messaoud, afin d’assister au lancement d’une opération de récupération de gaz, initialement destiné à extraire du pétrole, qui sera exporté : un volume de 6 millions de m3 sur les 17 millions de m3 de gaz récupérés au niveau de cette installation seront expédiés vers les marchés internationaux, alors que les 11 millions de m3 restants seront réinjectés dans le même gisement en vue de renforcer la pression et d’améliorer la production de brut. Jusque-là, augmenter la production de pétrole en accélérant la cadence d’extraction a été la formule retenue par la Sonatrach; qui ne perd pas de vue les options des pétroles de roche mère – de schiste – et les réserves océaniques.

Sur le terrain, toutes les pistes restent sur la table, il reste que sur le plan juridique, une « mise à niveau » des textes de loi s’avère nécessaire. A ce propos, l’appel le plus récent à modifier la loi après celui de M. Ould Kaddour émane du son ministre de tutelle, M. Guitouni, qui, il y a deux mois, affirmait que le cadre juridique qui régit la fiscalité pétrolière devrait subir un léger « lifting » afin qu’elle épouse le contexte pétrolier actuel, celui d’un baril pas cher. Le ministre de l’Energie considérait – et considère toujours – que la baisse des prix du pétrole a même rendu le dispositif fiscal pétrolier actuel comme un facteur contraignant à l’investissement dans le domaine des hydrocarbures, estimant que l’Algérie devrait opérer de « légères modifications » juridiques dans la loi sur les hydrocarbures. Et de révéler alors que « des approches avaient été faites auprès du ministère des Finances, tandis qu’une commission travaille sur cette question de la fiscalité ».