Human Rights Watch s’alarme de la répression des syndicats autonomes en Algérie

Human Rights Watch s’alarme de la répression des syndicats autonomes en Algérie

L’ONG internationale de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) pointe du doigt les restrictions aux libertés syndicales en Algérie. L’organisation demande aux autorités d’accorder les agréments aux nombreux syndicats autonomes, en attente d’une réponse depuis des années.

Dans son rapport consacré à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, HRW met le doigt sur une des nombreuses plaies qui affecte les libertés démocratiques en Algérie, en évoquant les restrictions auxquelles sont soumises les organisations syndicales activant hors du champ du pouvoir.



« Il existe un climat d’intimidation et de peur empêchant que se développent des syndicats indépendants en parallèle des syndicats appuyés par l’État qui existent déjà », souligne Human Rights Watch dans son rapport. En Algérie, seule l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) est reconnue officiellement en tant qu’organisation syndicale « représentative » des travailleurs. Elle dispose de moyens conséquents à travers le territoire national et son secrétaire général, M. Abdelmadjid Sidi Said, à la tête de l’organisation depuis 1997, jouit du statut de « partenaire » privilégié du gouvernement.

L’UGTA, syndicat « officiel »

Mais depuis quelques années, l’UGTA est de plus en plus concurrencée par des syndicats autonomes, issus de différents secteurs comme l’éducation, la santé et l’enseignement supérieur. Ces nouvelles organisations, nées d’un ras-le-bol de la « compromission » de l’UGTA avec le pouvoir, activent dans la quasi-clandestinité et sont à peine tolérées par les autorités.

Le rapport de Human Rights Watch se base sur des interviews d’une vingtaine de syndicalistes qui ont énuméré les différents types d’intimidations subies pour les empêcher d’activer sur le terrain syndical. L’organisation cite entre autres la répression policière contre les rassemblements et manifestations pacifiques pour la défense des droits des travailleurs, le harcèlement et poursuites judiciaires « pour des accusations à motif politique » ; les arrestations policières et interrogatoire des leaders syndicaux ; le licenciement de syndicalistes travaillant dans le secteur public et l’interférence dans le fonctionnement des nouvelles organisations, pour les amener à être moins critiques vis-à-vis du gouvernement.

L’arme de la « légalité »

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, c’est l’arme de la « légalité » qui est la plus utilisée par les autorités algériennes pour justifier la répression des syndicats autonomes. Le rapport cite « des manœuvres administratives visant à refuser le statut légal à certains syndicats indépendants » dont abuse le gouvernement pour freiner l’émergence de ces nouvelles organisations. Les exemples les plus récents, selon HRW, sont ceux du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires, en attente d’agrément depuis janvier 2012 et le Syndicat autonome des postiers à qui le récépissé de dépôt du dossier d’agrément est refusé depuis juillet 2012.

Piqûre de rappel

Human Rights Watch rappelle à l’Algérie ses engagements pour les libertés d’organisation, de négociation collective et de grève, dans le cadre de l’Organisation internationale du travail (OIT) et ses « obligations au regard de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui garantissent la liberté d’association et de réunion, ainsi que du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), qui protège les droits spécifiques liés à la liberté d’association et à l’appartenance syndicale. ».