Le chef-lieu de Bouzeguène sera paralysé, aujourd’hui, par la grève générale à laquelle a appelé la Coordination des comités de villages de Bouzeguène et Idjeur, pour dénoncer «le climat d’insécurité», dans le sillage de la disparition de Farid Allane.
Une marche populaire, pour ponctuer cette grève des commerçants et institutions publiques et privées, aura lieu également sur les artères de la ville de Bouzeguène. Elle verra, assurément, défiler plusieurs centaines de villageois de l’ârch d’Ath Idjeur. Une action qui s’ébranlera à 10h, du CEM Hammadi Mohand-Saïd vers le siège de la daïra. Ici même, sont prévues des prises de paroles des membres de la Coordination des villages, installée au lendemain de la disparition mystérieuse de Farid Allane, le 2 octobre dernier. «La Coordination des comités de villages de Bouzeguène, réunie au village Tazerouts le 7 octobre 2017, lance un appel à la population de Bouzeguène pour observer une grève générale toute la journée de lundi 09/10/2017, suivie d’une marche silencieuse (…)», est-il annoncé dans un appel largement diffusé hier.
La réunion d’avant-hier, à laquelle ont assisté les représentants des 23 comités de villages, a été également sanctionnée par une déclaration de dénonciation et d’appel à la mobilisation face à «des forfaitures et dérives inquiétantes», notamment «les disparitions mystérieuses» que connaît cette région depuis près d’un an. «La daïra de Bouzeguène vit depuis quelques mois des forfaitures et dérives inquiétantes : vols, braquages, rapts, meurtres, etc», a relevé la Coordination en question. Et comme pour exprimer son inquiétude, elle note : «Comme si ces malheurs ne suffisent pas, voilà que nous assistons à une série de disparitions inexpliquées, à l’image de celles de Amiar Djohra, dite Djohra Aït Youcef, et M. Idjri Ouidir du village Aït Sidi-Amar». Et de rappeler que la dernière en date, qui remonte à lundi 2 octobre 2017 à 9h du matin : Allan Farid, âgé de 40 ans, natif du village Tazerouts, est un délit de trop.» Des cas non élucidés à ce jour, faut-il le souligner, et qui ont exacerbé la population locale.
«Face à la gravité de la situation, la Coordination des villages de Bouzeguène tire la sonnette d’alarme et dénonce énergiquement ce climat d’insécurité et le laxisme des autorités concernées». À ce sujet justement, Belkacem Allane, frère aîné du disparu, a tenu à nous indiquer, hier lors de notre entretien téléphonique, que «les recherches se sont estompées depuis mercredi dernier, et qu’aucun corps de sécurité ne s’est manifesté depuis, ni pour relancer les recherches, et encore moins pour nous fournir la moindre indication». Et de préciser qu’«ils ont totalement disparus, hormis pour vérifier une information qui leur aurait parvenue sur la présence d’une bombe à l’intérieur de la forêt, vendredi dernier».

Ce sentiment est partagé par la Coordination des villages qui, dans sa déclaration, a tenu à exiger «la protection du citoyen (telle) garantie dans le droit constitutionnel ; la réponse et des éclaircissements des affaires non-élucidées (cas de Kaced Arezki du village Aït Salah)». La Coordination en question a, ainsi, fait appel à «tous les citoyens à une mobilisation générale constante, faisant figure de leitmotiv, et à constituer un front commun contre l’indifférence et le fatalisme.» Du côté de la famille de Farid, son frère aîné, Belkacem, nous a indiqué que la famille vit cette tragédie dans la douleur, mais reste digne, tant elle sent la présence des villageois à ses côtés.
«Certes, le mystère qui entoure la disparition de mon frère nous fait beaucoup de peine, surtout les parents qui ont du mal à supporter ce qui leur arrive depuis le 2 octobre, mais la présence et le soutien de milliers de personnes nous donnent du courage et de la lucidité», dit Belkacem. Ce dernier s’interroge, néanmoins, sur les auteurs et les motivations de ceux qui pourraient être derrière la disparition de son frère : «Farid n’est aucunement une personne à problèmes, ni ayant une quelconque histoire avec qui se soit. Ni lui, ni aucun autre membre de la famille n’ont d’antécédents», explique t-il. Et de souligner que son frère a ses propres habitudes qui lui sont connues depuis 9 ans, à savoir aller travailler la nuit dans la station-service d’Assif Ousserdhoun, et rentrer chez lui vers 11h ou midi, après sa sortie du travail, à 9h.
«Farid est un homme très réservé. Il n’aime raconter sa vie ou ses peines à personne. C’est pour cela que nous ne doutons absolument pas qu’il aurait eu un ou des ennemis, que nous pourrons soupçonner d’être derrière son enlèvement», a tenu à préciser le frère du disparu.
Mohand-Arezki Temmar