Les gourdins des “propriétaires” autoproclamés de ces parkings n’ont pas pu être remplacés par les badges et les uniformes, comme l’exige la circulaire de Daho Ould Kablia.
Alors qu’une circulaire définissant la réglementation des parkings a été signée par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, le 20 novembre 2012, et qu’elle a été adressée aux walis et à toutes les administrations concernées pour son application, l’anarchie continue de régner dans ces espaces devenus de plus en plus incontrôlables.
Non seulement le prix de stationnement a augmenté de 100% puisqu’on vous demande, à chaque coin de rue, de payer 100 DA, mais aussi les gourdins des “propriétaires” autoproclamés de ces parkings n’ont pas pu être remplacés par les badges et les uniformes comme l’exige la circulaire de Daho Ould Kablia. Et les plaques signalétiques annonçant le parking, son prix et les horaires, tels que stipulés dans le document, sont toujours absents. Pis, de nombreuses communes n’ont même pas encore établi la liste des espaces à utiliser comme parkings ni la liste des jeunes chargés de leur surveillance. Ainsi, huit mois après sa signature, cette circulaire qui autorise officiellement l’utilisation des “portions de routes” comme parkings a prodsuit, plutôt, l’effet contraire. Puisque pour la première fois, les “gérants de parkings” des 48 wilayas sont arrivés à uniformiser leurs prix car ils ont doublé notamment dans certaines wilayas côtières où le tarif est passé de 50 da à 100 da. Les gardiens de parkings ont ainsi pris de vitesse Daho Ould Kablia et les élus en établissant eux-mêmes les espaces à gérer, mais aussi les prix de stationnement. Ils n’ont pas attendu l’application de la circulaire qui exige des APC de fixer par délibération les prix de stationnement, le nombre de parkings, le nombre des “portions de routes” mais aussi le nombre de jeunes chargés de gérer ces espaces. Et comme la circulaire autorise les jeunes gardiens à assurer pendant deux ans cette activité sans payer un sou, de nombreux jeunes ont commencé à se disputer ces parkings.
C’est le cas à Boumerdès et à Réghaïa où des parkings non encore réglementés ont été pris d’assaut par des dizaines de jeunes qui veulent tous en assurer la surveillance. Et ce sont les automobilistes qui sont victimes de cette situation. C’est le cas de ce père de famille qui a été, avant-hier, insulté puis roué de coups par deux jeunes autoproclamés gardiens de parkings devant sa femme et ses enfants. Une scène dont Liberté a été témoin. La victime n’a dû son salut qu’à l’intervention de jeunes de la ville de Boumerdès qui assurent la même activité et celle de policiers de la BRI qui sont rapidement arrivés sur les lieux et arrêté les deux agresseurs. Ainsi la gratuité de cette activité pendant deux ans peut se transformer en une arme à double tranchant. Car elle risque de créer des rivalités entre groupes de jeunes. D’autant plus que la circulaire limite le gardiennage de ces espaces à des groupes composés de 3 personnes pour les petits parkings et 6 personnes pour les grands parkings.
La circulaire ne précise pas si ces espaces sont destinés aux jeunes chômeurs puisque ce terme n’est curieusement pas évoqué dans les cinq pages du document, encore moins leur âge. Aucun document Cnas ou Casnos (style Ansej) n’est exigé. L’on se demande par quel moyen les APC ou encore les commissions désignées vont pouvoir établir des listes sans courir le risque de faire figurer un gardien de nuit, d’une entreprise, un retraité, ou un entrepreneur sur ces listes. La circulaire se limite seulement à la question de moralité de la personne.
Et là, encore, le document n’interdit pas à un repris de justice de se porter candidat puisqu’il est précisé que “seules les personnes condamnées pour des délits liés au gardiennage des parkings sont interdites de cette activité”. Autrement dit, un ancien condamné qui aurait, par exemple, agressé un automobiliste sur la route de Réghaïa a le droit de se souscrire à cet emploi ! Un critère qui met la police dans l’embarras.
Car, ce sont les policiers qui ont la lourde tâche de faire l’enquête de moralité sur les candidats proposés par une commission locale composée de l’APC, la Direction des transports et la police. La circulaire reste muette également sur les parkings résidentiels des cités. Elle laisse l’initiative aux APC d’en définir l’opportunité. Une tâche qui n’est pas facile à appliquer lorsqu’on sait que des citoyens jaloux de leurs parkings situés dans l’espace de leur cité et préfèrent que la surveillance de leur véhicule soit assurée, mais par les personnes issues du quartier et pas forcement des chômeurs désignés par les autorités locales. Par crainte de ne pas provoquer le mécontentement de leurs administrés, certaines APC ont exigé, des groupes de jeunes, l’avis des résidents.
Ainsi la guerre déclarée l’année dernière, par le ministre de l’Intérieur, contre les gardiens autoproclamés des parkings est loin d’être gagnée. Il y a risque que la circulaire de Daho Ould Kablia connaisse le même sort que celle de Zerhouni, datée de juin 2006.
M. T.