Huile, sucre et émeutes de janvier ,Le rapport de la commission d’enquête

Huile, sucre et émeutes de janvier ,Le rapport de la commission d’enquête

La hausse vertigineuse des prix de large consommation est due essentiellement à l’absence du contrôle au niveau du marché national, à la défaillance en matière de distribution et au monopole de l’informel, a conclu la commission d’enquête parlementaire. Le président de cette commission, Kamel Rezgui, appelle à la remise sur pied du conseil national de la concurrence et à l’installation d’un marché national de gros pour maîtriser les prix.

Défaillance en matière de distribution, absence de contrôle au niveau du marché national, opacité dans les transactions commerciales et le monopole de l’informel constituent les principales raisons de la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires de large consommation qui ont entraîné des émeutes dans plusieurs régions du pays en janvier dernier.

C’est le constat établi par la commission d’enquête parlementaire mise en place à cet effet et qui a remis, hier, son rapport final au président de l’Assemblée populaire nationale (APN). N’ayant pas donné de détails précis, en raison de «certaines confidentialités qui couvrent le rapport», le président de cette commission d’enquête, Kamel Rezgui, qui intervenait ce matin à la Chaîne III de la radio nationale, s’est contenté d’avancer «certaines grandes lignes» des conclusions d’un travail ayant duré plusieurs mois.

«Il y a eu la hausse des prix de ces produits au niveau du marché mondial, mais nous avons constaté qu’il y a eu d’autres phénomènes qui ont interféré pour provoquer ce genre de perturbations», a-t-il précisé. L’anarchie qui caractérise le marché national est l’une des principales raisons de la flambée des prix et de la pénurie de certains produits.«Les mécanismes de contrôle existent, mais ils ne sont pas appliqués parce que le marché informel occupe une grande place.

Un grand lot de marchandises ne passe pas dans le circuit officiel, il n’y a donc pas de facturation et de transparence», a indiqué M. Rezgui, ajoutant que le refus de l’utilisation de chèque qui devait être appliquée depuis avril 2011 ne fait que compliquer la situation. La faiblesse de la production nationale et la dominance de certaines entreprises privées a aussi amené à la hausse des prix, selon lui. «Nous avons constaté l’absence de l’Etat dans le circuit du sucre et de l’huile, puisque les entreprises publiques ont été privatisées. Si au niveau du lait et des céréales, l’Etat peut réguler à travers des offices publics, il ne peut le faire en matière de sucre et d’huile», a-t-il expliqué.

«Concernant l’huile et le sucre, il y a un opérateur qui détient plus de 40% du marché. Ce n’est pas normal, car quand on est en situation de dominance on peut imposer le prix qu’on veut.

Il faudrait qu’il y ait des investissements dans le domaine pour permettre au marché d’être régulé», a insisté l’invité de la radio nationale. Le contrôle des prix passe également par la mise en place d’un marché national de gros et la remise sur pied du conseil national de la concurrence, a-t-il estimé. Le gouvernement avait pris des mesures de soutien des prix des produits de large consommation, une démarche jugée insuffisante par M. Rezgui.

«Il faudrait aller plus loin pour que des solutions soient trouvées. Nous avons proposé de soutenir la production au lieu de la consommation, et même le soutien à la consommation doit être destiné aux seules catégories démunies pour qu’elle ne soit pas détournée. Il ne faut pas soutenir tout le monde, il faudra créer un fichier de démunis, car ce soutien aveugle est difficile à appliquer puisqu’il grève le budget de l’Etat», a-t-il indiqué.

Les grossistes aux abonnés absents

Dans le cadre des auditions de la commission de l’enquête parlementaire sur la hausse des prix, les grossistes n’ont pas voulu répondre aux questionnements qui leur ont été soumis. «Je ne peux pas vous dire pourquoi ces grossistes n’ont pas répondu. De toute façon, nous avons transmis ces questionnements au ministre du Commerce et nous attendons ses réponses», a indiqué M. Rezgui, ajoutant que cette attitude des grossistes «nous a fait un petit vide dans notre enquête, puisque c’était un des maillons que nous voulions entendre».

Lait : «Enlevez ces sachets !»

«La commission est arrivée à dire enlevez ce sachet de lait, c’est une honte. Ce n’est pas digne du citoyen algérien. Il faut un meilleur emballage pour préserver le produit que l’Etat achète à un prix fort et même le citoyen mérite mieux qu’un sachet», a insisté M. Rezgui. Pour lui, il faudrait mettre ce produit dans des flacons propres car dans les sachets en plastiques, le lait s’abîme très rapidement, ce qui pourrait constituer un danger pour la santé publique.

A. H.