Hugo Chavez, éternel adversaire des Etats-Unis

Hugo Chavez, éternel adversaire des Etats-Unis
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L’anti-américanisme, l’un des fils rouges des quatorze années de la présidence d’Hugo Chavez ne s’éteindra pas avec lui. L’expulsion  » sous 24 heures  » d’un attaché d’ambassade américain, David Delmonaco, a été annoncée mardi 5 mars, quelques heures avant l’annonce officielle de la mort d’ »el presidente ». Lors d’une longue intervention télévisée, Nicolas Maduro, le chef de l’Etat vénézuélien par intérim, a justifié cette mesure en accusant le diplomate américain d’avoir « proposé des plans de déstabilisation » à des militaires.

Pire, il a affirmé n’avoir  » aucun doute  » sur le fait que le cancer d’Hugo Chavez, diagnostiqué en 2011 avait été provoqué par  » les ennemis historiques de notre patrie », autrement dit les USA. Dressant un parallèle avec la mort de Yasser Arafat auquel « une maladie a été inoculée », il a déclaré qu’ »une commission scientifique prouverait » que la maladie d’Hugo Chavez provenait d’ »une attaque ».

A Washington, le porte-parole du département d’Etat, Patrick Ventrell a qualifié ces assertions d’ »absurdes ». Pareilles accusations « nous conduisent à conclure que, malheureusement, l’actuel gouvernement vénézuélien n’est pas intéressé par l’amélioration de nos relations ». Barack Obama, lui, s’est abstenu de faire la moindre remarque, positive ou négative, sur le président défunt, préférant insister sur le « soutien » des Etats-Unis au « peuple vénézuélien » et au « développement d’une relation constructive avec le gouvernement » de Caracas. Moins diplomate, Ed Royce, le républicain qui préside la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, a qualifié Hugo Chavez de « tyran qui a forcé le peuple du Venezuela à vivre dans la peur » et ajouté : « sa mort entame l’alliance des dirigeants gauchistes anti-américains en Amérique du Sud. Bon débarras à ce dictateur ! ».

« ALLIANCE BOLIVARIENNE POUR LES AMÉRIQUES »

LG Algérie

Sans jamais cesser de livrer du pétrole aux Etats-Unis, dont le Venezuela est le quatrième fournisseur, Hugo Chavez a pris, de fait, la tête d’un front d’Etats latino-américains désireux de réduire l’influence de l’ »empire » américain. Il n’a cessé d’accuser Washington de manœuvres de déstabilisation, voire d’assassinat le visant. Il est vrai qu’en 2002, l’administration Bush a tacitement soutenu un coup d’Etat destiné à le renverser.

Pour tenter de contrer la puissance de Washington, Hugo Chavez a largement soutenu le Cuba de Fidel puis Raul Castro, revigorant l’économie anémiée de l’île grâce à son pétrole et son aide financière. Au total, Cuba reçoit 60 % de son énergie sous la forme de pétrole vénézuélien subventionné. Hugo Chavez forgea aussi une modeste « Alliance bolivarienne pour les Amériques » (Alba) réunissant le Venezuela, Cuba, la Bolivie et l’Equateur, les félicitant à l’occasion, lorsque ces pays suivaient son exemple et expulsaient des diplomates américains.

Il nationalisa aussi de nombreuses sociétés étrangères, dont une portait un projet pétrolier de l’américain Exxon Mobil. Se posant en porte-parole des peuples latino-américains opposés à la mondialisation libérale, Hugo Chavez s’opposa, comme les dirigeants brésiliens notamment à la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) que George W. Bush cherchait à étendre à l’ensemble du continent. La guerre en Iraq, les mauvais traitements infligés aux prisonniers en Afghanistan et à Guantanamo lui fournirent autant de sujets de diatribes, toujours vendeuses auprès du peuple vénézuélien, et aptes à masquer ses failles et ses échecs intérieurs. En retour, le manque de coopération dans la lutte anti-terroriste a justifié l’interdiction américaine de vendre des armes au Venezuela.

BUSH LE « DÉMON », OBAMA LE « TYPE BIEN »

Sous George Bush – que Chavez qualifia de « démon » en 2006 à la tribune de l’ONU – les Etats-Unis tentèrent sans grand succès d’isoler le Venezuela. Ils s’opposèrent à des ventes d’armes à ce pays, estimant qu’elles étaient en réalité destinées aux rebelles colombiens des FARC. De son côté, le président vénézuélien interdit au service américain anti-drogue (DEA) d’opérer dans le pays, affirmant, que sous couvert de lutter contre le trafic de cocaïne – qui s’est développé sous Chavez et gangrène l’armée – ses agents cherchaient à l’éliminer.

Sous Barack Obama, le dirigeant « bolivarien » a continué de manier la même rhétorique et les relations sont restées tendues. Les deux pays ont d’ailleurs, en 2010, refusé mutuellement les ambassadeurs qu’ils avaient désignés, ce qui ne les empêche pas de maintenir des ambassades à Caracas et Washington. Une photo prise en 2009 au sommet des Amériques montre Chavez et Obama se serrant la main, tout sourires. Mais pour les Etats-Unis, la liste de contentieux reste lourde : les liens avec l’Iran, les trafics de drogue et les milliards de dollars d’avoirs américains saisis à des sociétés comme Exxon Mobil et Hilton. Hugo Chavez a estimé qu’Obama était « aussi puant que Bush » après que les Américains, en 2009, l’eurent accusé de soutenir les FARC colombiennes.

Critiqué en 2011 pour ses liens avec l’Iran et Cuba, le président vénézuélien traita son homologue américain de « clown » et de « honte pour le peuple noir ». Ce qui n’empêcha pas Chavez d’affirmer, pendant la dernière campagne électorale présidentielle qu’il  » voterait pour Obama (…), un type bien « .