Sous la pression de la droite et de l’extrême droite, les 27 pays de l’Union européenne ont durci leur politique migratoire lundi 8 décembre, en approuvant notamment la possibilité d’envoyer des migrants situés hors des frontières de l’UE. Les Vingt-Sept se sont également entendus sur la mise en place d’un nouveau système de répartition des demandeurs d’asile, l’ensemble de ces mesures restant toutefois soumis à l’approbation du Parlement européen.
Réunis à Bruxelles, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont donné leur premier accord à un ensemble de trois textes proposés par la Commission européenne visant à encadrer plus strictement les arrivées et les renvois des exilés.
Ces mesures prévoient notamment :
- L’établissement de « hubs de retour » : des centres situés en dehors des frontières de l’UE, où seraient envoyés les demandeurs d’asile dont la demande est refusée ;
- Le durcissement des sanctions contre ceux qui refusent de quitter le territoire européen, incluant des périodes de détention plus longues ;
- La possibilité de renvoyer des demandeurs d’asile vers des pays tiers dont ils ne sont pas originaires, à condition que l’Europe les considère comme « sûrs ».
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Importante baisse des entrées clandestines vers l’Europe en 2025
Malgré une baisse des arrivées irrégulières (environ 20 % de moins que l’année précédente), la pression politique en Europe concernant la migration ne diminue pas, bien au contraire. Le commissaire européen, Magnus Brunner, principal promoteur de ce durcissement, a insisté sur la nécessité de donner « aux citoyens le sentiment que nous maîtrisons de qui se passe ».
Ces nouvelles mesures sont cependant vivement critiquées par la gauche et les associations de défense des exilés, telle que Silvia Carta de l’ONG PICUM, qui y voient des violations des droits humains et dénoncent le choix de l’UE d’opter pour des politiques qui « plongeront davantage de personnes dans le danger et l’insécurité juridique » au lieu d’investir dans la sécurité et l’inclusion.
Sous l’impulsion du Danemark, une large majorité des Vingt-Sept souhaite valider rapidement le durcissement migratoire, malgré les réserves de la France et de l’Espagne. Ce durcissement est fortement soutenu par la droite et l’extrême droite au Parlement.
Un nouveau système de répartition
Par ailleurs, les vingt-sept se sont accordés lundi sur un nouveau système de répartition des demandeurs d’asile en Europe, avec l’ambition d’une adoption finale rapide des mesures au début de l’année prochaine. Ce système qui entrera en vigueur en juin prochain vise à soulager les pays en première ligne comme la Grèce et l’Italie. Il exigera désormais des pays membres :
- Relocalisent des demandeurs d’asile sur leur territoire ;
- Ou versent une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression s’ils refusent l’accueil.
Les négociations sur ce mécanisme ont été particulièrement difficiles en raison de la réticence politique des États à accueillir des demandeurs d’asile. Un responsable européen a d’ailleurs souligné que peu de ministres souhaitent annoncer publiquement l’accueil de réfugiés. Bien que l’accord ait été trouvé, la répartition exacte décidée lundi n’a pas été rendue publique.
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