Dans le sillage des entreprises chinoises, le groupe HSBC mène sa stratégie d’implantation sur le continent africain.
Le groupe HSBC a décidé, à la fin de l’année dernière, de transférer, à partir du 1er février 2010, sa direction générale et son staff dirigeant à Hong Kong, tout en maintenant le siège social de la banque à Londres. La mesure illustre la manière très réactive dont une des premières institutions financières mondiales tire les leçons de la crise et tente d’épouser les tendances lourdes des évolutions économiques récentes.
L’attention nouvelle portée par le groupe bancaire au continent africain est un des aspects de son recentrage stratégique. Le communiqué annonçant le déménagement explique qu’il « reflète la stratégie de développement de la banque dans les économies émergentes en forte croissance ». Un analyste du groupe explique que ce positionnement repose sur la conviction que « les pays émergents vont tirer la croissance mondiale au cours des dix prochaines années, en raison, à la fois de leur croissance endogène, de la croissance de leurs échanges entre eux, et de la croissance de leurs échanges avec les pays en développement ».
Illustration de cet intérêt tout particulier porté à l’évolution des économies émergentes, les services du groupe ont élaboré et publié, pour la première fois en octobre 2009, un indice destiné à appréhender l’évolution de l’activité économique, industrielle et des services dans les treize principaux pays émergents, dont l’Afrique du Sud. Le HSBC Emerging Markets index (EMI) est un indicateur avancé de l’évolution trimestrielle future du PIB de ces pays. La première édition de cet indice annonçait « une forte croissance de la production au 3e trimestre 2009, confirmant le redémarrage en flèche des économies émergentes ainsi que l’efficacité des politiques monétaires et budgétaires qui ont eu un impact important et rapide sur l’activité économique ».
En Afrique du Nord
Après avoir construit de très fortes positions en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient, la banque semble aujourd’hui tourner ses regards vers l’Afrique. Dans le nord du continent, HSBC Bank Egypt est déjà une institution solidement implantée, avec plus de 80 agences et près de 2000 employés. La présence de HSBC dans ce pays remonte au début des années 80 et s’est renforcée progressivement depuis cette date à la faveur de la libéralisation de l’économie égyptienne.
En Algérie, sur un marché que Youssef Nasr, PDG de HSBC Bank Middle East (HBME), considère comme « le plus prometteur du Maghreb », la succursale du groupe connaît un développement accéléré et vient de réaliser une augmentation de capital record qui quadruple ce dernier et le porte à plus de 160 millions de dollars.
Au même moment, et de façon révélatrice, les activités de la banque en Algérie quittent le giron de la branche française du groupe et seront désormais supervisées par HBME, basé à Dubaï. L’année 2010 verra également, sans doute, la création d’une filiale en Libye, où un bureau de représentation à déjà été ouvert l’année dernière.
Dans la région, la stratégie du groupe s’appuie sur la consolidation de ses points forts traditionnels. L’accompagnement des groupes internationaux et des plus importants groupes privés nationaux dans le financement de leur exploitation et dans leurs investissements est l’un d’entre eux, conjointement avec le développement des activités liées au commerce extérieur et au financement de projets.
Ici, comme ailleurs, l’image de marque de la banque est également associée à la fidélisation d’une clientèle haut de gamme et soucieuse de la qualité de service
Avec les entreprises chinoises
L’extension des activités du groupe en Afrique subsaharienne est relativement récente et correspond principalement à une stratégie ciblée d’accompagnement des grandes entreprises asiatiques, et surtout chinoises. HSBC est actuellement présente en Afrique du Sud, où elle dispose de cinq implantations, et à Maurice, où elle compte une douzaine d’agences. La forte présence du groupe dans ce dernier pays, où sont implantées un grand nombre de sociétés manufacturières chinoises et indiennes, est caractéristique de la volonté de « la première banque de trading du monde » d’accompagner la croissance soutenue du commerce et des investissements entre l’Asie et l’Afrique. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint en 2008 le niveau record de 106 milliards de dollars. Même s’ils devraient reculer sensiblement en 2009 (moins 30% au premier semestre), une forte reprise est prévue dès l’année 2010. Simultanément, les investissements des entreprises chinoises sur le continent sont également en progrès très sensibles, et devraient dépasser pour la première fois le cap du milliard de dollars en 2009. Une évolution que les dirigeants réunis à l’occasion du récent sommet Chine-Afrique de Charm El Cheikh ont décidé d’encourager, et qui devrait conduire le groupe HSBC à développer son implantation sur le continent. Cette dernière pourrait s’opérer notamment dans le cadre de la création prévue de zones économiques spéciales, transposant sur le continent africain un modèle qui a fait ses preuves.
Par Hassan Haddouche