Hospitalisé à Oran depuis deux semaines,Qui rendra le sourire à Hazim?

Hospitalisé à Oran depuis deux semaines,Qui rendra le sourire à Hazim?

Une prise en charge sérieuse et immédiate s’impose

Son sort est tributaire des responsables politiques du pays, sinon Hazim terminera comme tant d’artistes oubliés qui sont décédés et enterrés loin des leurs.

«Mon état de santé s’améliore de jour en jour, les médecins m’ont bien pris en charge.» Telle est la phrase qui revient tout le temps dans la bouche de l’humoriste algérien, Hazim. Pourtant, l’homme est, depuis le 14 janvier de l’année en cours, alité au service pneumologie du CHU d’Oran des suites d’une maladie pulmonaire non moins méchante. Le comédien, qui a sillonné toute l’Algérie durant les années du terrorisme pour faire rire les Algériens terrorisés et leur faire oublier leur mal, souffre en silence sans que les responsables du secteur de la culture ne daignent s’enquérir de son état de santé. Le transférer vers l’étranger relève de l’utopie tant le comédien est totalement oublié dans sa chambre qu’il occupe depuis le 14 janvier dernier.

Le Pr Ziani lui a promis de le soigner jusqu’à la guérison totale. Les responsables locaux, tels le P/APW et la directrice de la culture d’Oran lui ont également rendu visite à l’hôpital. Hazim, lui, ne baisse pas la tête, il la garde haute tout en se résignant à son destin.

«Hamdoullah», ne cesse-t-il de dire, avant d’ajouter que «les médecins me prennent bien en charge tandis que mes amis me soulagent lorsqu’ils viennent en force». Une chose est sûre, Hazim est dans un besoin pressant d’être immédiatement et sérieusement pris en charge. Pourquoi pas l’intervention de l’Etat? A l’instar des autres artistes et comédiens algériens, la situation sociale du comédien ne lui permet pas d’assumer financièrement les colossaux frais de ses soins, en l’occurrence le scanner, l’IRM, les analyses médicales. «Il a été admis dans un état comateux, il ne respirait presque plus», a indiqué une infirmière de garde. Du haut de ses 61 ans et malgré la sévère toux qui lui coupe la respiration à chacune des phrases prononcées, Hazim ne dira pas mot sur sa maladie qu’il ignore complètement.

Dans sa rencontre avec L’Expression, le comédien a insisté sur la mise en place du statut de l’artiste. «Avec le statut de l’artiste, les artistes seront sûrs d’être bien pris en charge et ne souffriront plus jamais», a-t-il affirmé.

Plus que jamais, le sort de Hazim est tributaire d’une intervention des responsables politiques du pays, sinon le comédien terminera comme tant d’artistes oubliés qui sont décédés et enterrés loin

des leurs.

Samedi matin, le CHU d’Oran donnait une image d’un véritable désert en plein milieu du centre urbain, hormis le peu de praticiens de garde, l’ensemble des blouses blanches sont en week-end. Le va-et-vient et le brouhaha habituels ont diminué de plusieurs crans. Mais, une fois le pont de Glatar franchi, une autre image saute aux yeux, un monde fou, constitué d’hommes, de femmes, de vieux, d’artistes, d’étudiants, de jeunes et moins jeunes, d’enfants, des fans de Hazim débattent de l’état de santé du comédien.

Le comédien Omar Bouchareb est entré dans une sorte de transe pendant qu’un autre humoriste, Houari, tente tant bien que mal de détendre le climat en lâchant de temps en temps une petite blague. Hamid Bila Houdoud, lui, est anxieux, notamment après que Hazim est mis sous nébuliseur.

Au chevet du comédien, sa femme et ses enfants, tous prémunis d’un courage de fer. «Hamdoullah, nous devons nous soumettre à la volonté de Dieu», ne cessait de lancer la femme de Hazim. L’artiste Hazim, qui réside depuis plusieurs années dans la cité la Brumaire dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, est sérieusement malade.

L’information a vite fait le tour de tout le pays alors que les responsables hiérarchiques de la culture n’ont pas jugé utile de se rendre à son chevet. «Tant pis pour eux, ils l’auront sur leur conscience en le lâchant au moment où il a besoin de leur présence et de leur soutien aussi bien moral que financier», a déploré un comédien venu rendre visite au comédien qui entame sa 3e semaine d’hospitalisation dans des conditions déplorables. «Hazim, qui est très malade, nécessite dans l’immédiat une intervention chirurgicale au niveau du coeur», a affirmé son compagnon de longue durée, Hamid Bila Houdoud. «C’est douloureux d’entendre qu’un artiste de renom comme Hazim soit livré à son triste sort», a regretté un artiste rencontré au CHU d’Oran.

Le cas de Hazim n’est pas le premier dans son genre. Dans un passé récent, le célèbre vocaliste des Amarnas et des Raïna Raï, Djilali Amarnas (Djilali Razkallah de son vrai nom), a subi le même sort. Il a été hospitalisé à l’hôpital de Sidi Bel Abbès et décédé dans le dénuement total et l’indifférence, des responsables de la culture.

Ainsi, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, est interpellée afin qu’elle puisse se pencher sur le cas de l’artiste qui nécessite des soins spécifiques et urgents, lui qui a fait rire des milliers d’Algériens lorsque l’Algérie vivait la tragédie nationale et avait besoin de la mobilisation de tous ses enfants dont les comédiens de la troupe Bila Houdoud.