Prenant note des demandes de changement politique des manifestants égyptiens et dressant certainement un parallèle avec la Révolution en Tunisie, Washington et l’Union européenne pressent le raïs Moubarak à les écouter.
En plus des nombreux appels des organisateurs des manifestations anti-régime de mardi en Égypte à poursuivre la contestation, malgré l’interdiction du président Hosni Moubarak, les États-Unis et l’Union européenne ont interpellé ce dernier pour qu’il réponde à ces aspirations qu’ils jugent “légitimes”. Sur le terrain, un manifestant est décédé, hier, succombant à ses blessures reçues la veille à Suez, à une centaine de kilomètres à l’est du Caire. Cela porte à quatre le nombre de personnes tuées dans des affrontements — trois manifestants et un policier.
Ainsi, le Mouvement du 6 avril, un groupe de militants pro-démocratie, a annoncé qu’il appelait à de nouveaux rassemblements dans le centre du Caire, “pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité”.
Les manifestations antigouvernementales de mardi, qui ont mobilisé des milliers de personnes à travers le pays, sont les plus importantes du genre survenues en Égypte au cours des trois décennies de présence du président Hosni Moubarak à la tête de l’État. Inspirées de la révolte tunisienne qui a conduit au départ du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, elles sont dominées par des slogans demandant le départ de M. Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981. Quelque 200 personnes ont été arrêtées, mardi, lors des manifestations, selon les services de sécurité.
Devant cette situation, Washington et Bruxelles ont appelé le président égyptien à répondre à ces demandes de changement. Pour l’Union européenne, les manifestations en Égypte reflètent les aspirations de la population en faveur du “changement politique” et constituent un “signal” après les évènements en Tunisie. La porte-parole de Catherine Ashton, Maja Kocijancic, a affirmé, dans un communiqué, que “des milliers de citoyens égyptiens se sont rassemblés dans les rues du Caire pour exprimer leur souhait de changement politique”. Elle a souligné que “l’Union européenne suit de près les manifestations qui se déroulent actuellement au Caire et les considèrent comme le signal des aspirations de beaucoup d’Égyptiens dans le sillage des évènements survenus en Tunisie”.
La même source indiquera que l’UE appelle, en outre, les autorités égyptiennes à “respecter et à protéger le droit des citoyens égyptiens à manifester” de manière pacifique et à prendre note de leur souhait légitime “à ce que des décisions politiques soient prises pour répondre à leurs problèmes quotidiens”. De son côté, la Maison-Blanche a exhorté, sans détour, le gouvernement égyptien à écouter les aspirations de sa population et à respecter les droits démocratiques.
“Le gouvernement égyptien a une occasion importante d’être sensible aux aspirations du peuple égyptien et de mener des réformes politiques, économiques et sociales qui peuvent améliorer sa vie et aider à la prospérité de l’Égypte”, lit-on dans le communiqué de la Maison-Blanche. Il précise que “les États-Unis sont engagés à travailler avec l’Égypte et le peuple égyptien pour faire avancer ces objectifs”. “Nous soutenons les droits universels du peuple égyptien, y compris le droit à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement”, ajoute le communiqué. Ce communiqué de la Maison-Blanche au ton inhabituellement ferme a été publié plusieurs heures après que le président Barack Obama eut déclaré dans son discours sur l’état de l’Union qu’en Tunisie, “la volonté du peuple s’est révélée plus puissante que l’étreinte d’un dictateur”.