Hosni Moubarak, le «vendredi de la colère» et WikiLeaks

Hosni Moubarak, le «vendredi de la colère» et WikiLeaks
hosni-moubarak-le-vendredi-de-la-colere-et-wikileaks.jpg

Hosni Moubarak n’a pas été épargné par les documents WikiLeaks, que nombre d’observateurs tentent d’utiliser pour essayer de comprendre le régime en place et de cette façon «prévoir» un tant soit peu la réaction éventuelle du pouvoir face à la révolte, en particulier si celle-ci dure dans le temps.

C’est ainsi que trois notes diplomatiques américaines évoquent «l’usage de la torture par la police égyptienne», devenue «une habitude». «La torture et la brutalité policière sont endémiques et très répandues. La police utilise des méthodes brutales notamment pour arracher des aveux à des criminels, mais aussi à des manifestants, des prisonniers politiques», est-il écrit dans une note de janvier 2009.



Parmi la dizaine de télégrammes concernant l’Egypte rendus publics par WikiLeaks, certains des documents évoquent les moyens utilisés par les Egyptiens pour s’exprimer… alors même qu’internet et la téléphonie mobile ont été largement coupés ce «vendredi de colère». C’est ainsi qu’ils seraient 160 000 à s’exprimer «de l’activisme au discours élargi et à l’expression personnelle».

Un portrait est établi par les diplomates américains, considéré comme «allié stratégique» des Etats-Unis d’Amérique. «C’est un réaliste véritable et expérimenté, un conservateur inné et prudent qui n’a que peu de temps à consacrer à des objectifs idéalistes», est-il écrit dans un des documents.

C’est un président égyptien «méfiant» quant aux «efforts américains pour les réformes». «Partout où il a vu des efforts américains (pour les réformes), il pointe du doigt le chaos et la perte de stabilité qui s’en sont suivis». WikiLeaks révèle au sujet des relations entre les deux pays que les Etats-Unis n’ont pas seulement financé l’armée égyptienne. Ils ont aussi soutenu des organisations de promotion de la démocratie en Egypte, selon des notes publiées vendredi par le journal norvégien Aftenposten.

«Les programmes du gouvernement américain aident à établir des institutions démocratiques et à renforcer les voix d’individus en faveur d’un changement en Egypte», ajoute la note américaine. L’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) aurait ainsi prévu de consacrer 66,5 millions de dollars en 2008 et 75 millions en 2009 à des programmes égyptiens sur la démocratie et la bonne gouvernance, selon une note de l’ambassade des Etats-Unis au Caire du 6 décembre 2007.

Le président Moubarak est «profondément sceptique à l’égard du rôle des Etats-Unis dans la promotion de la démocratie», souligne un autre télégramme diplomatique datant du 9 octobre 2007. Son fils Gamal, souvent présenté comme son successeur désigné, n’apprécie guère non plus. Il n’aurait pas apprécié les financements américains directs en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance, révèle une autre note du 20 octobre 2008. Une note datée de mai 2007 souligne le peu d’enthousiasme de la hiérarchie militaire face à la perspective de voir Gamal Moubarak, fils du Président, succéder à son père. «L’appareil militaire pourrait être un obstacle crucial» à ses ambitions, écrivait l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Caire, Francis Ricciardone.

Mais une autre note de juillet 2009 indique que «les militaires pourraient préférer l’option d’une transition du pouvoir du père au fils, dans le cadre de la Constitution, et que l’armée pourrait finalement soutenir Gamal Moubarak. Seul petit obstacle en regard de l’histoire présidentielle du pays : il n’a pas d’expérience militaire».