En cette première semaine de Ramadhan, les pavillons des urgences étaient bondés et les médecins étaient injoignables à l’heure du f’tour comme aux premières heures de la matinée.
Il faut noter que les médecins, organisés en brigades, sont de de service de 8h00 à 16h00 et de 16h00 à 8h00 le lendemain, dans les services des urgences organisés en non-stop. Lors d’une virée, hier matin, au niveau des pavillons des urgences du CHU Mustapha-Pacha à Alger, ils étaient nombreux les malades qui attendaient de voir le médecin.
Arrivés tôt le matin, ils étaient encore là à midi. Une dame, qui a ramené sa petite fille souffrant de fièvre et de vomissements, était là depuis 9h00 ; à midi, elle attendait toujours son tour avec un jeton numéro six. C’est dire que le rythme est très lent alors que le nombre de patients ne cessait d’augmenter.
Ce n’est que vers 10 heures que le premier urgentiste de garde est arrivé pour examiner, plus de la quarantaine de malades qui attendaient leur tour. Pâles, fatigués, les malades semblaient à bout. La majorité souffrait de la canicule durant ces jours de jeûne.
Un homme d’un certain âge a indiqué que les diabétiques, les hypertendus et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Ils supportent très mal les conséquences du Ramadhan. Les services des urgences reçoivent quotidiennement plusieurs cas d’hypoglycémie, d’hypertension et d’AVC, spécialement après le f’tour.
Une fois sur place, les médecins et les infirmiers font le tri des malades dont la majorité est orientée vers des polycliniques faute de place. D’autres se sont vus remettre un rendez-vous après l’Aïd car leur cas n’a pas été jugé urgent, et pour les médecins «rien ne presse». Aux yeux des malades, cette manière de faire n’est pas correcte et ils estiment que les toubibs veulent les liquider.
Lors d’une autre virée aux urgences du CHU Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot) dans l’après-midi d’hier, nous découvrons plusieurs patients souffrants de douleurs. Ils étaient assis sur des chaises dans le hall ou affalés sur des bancs. Malgré leur état, les médecins, qui arrivent souvent en retard, n’y prêtent aucune attention. Pire encore, ils les traitent avec mépris et dédain.
Le médecin urgentiste a indiqué que dès le début du mois de Ramadan, ce sont les diabétiques sous insuline et les ulcéreux qui semblent souffrir le plus de complications et qui forment d’ailleurs le gros de l’effectif qui fréquente les services d’urgence. Il en résulte un chambardement du métabolisme qui ne peut être sans conséquences, notamment pour les personnes malades ou les sujets qui présentent un terrain favorable.
A cet effet, les complications varient en genre et en degré. Il a ajouté qu’au niveau de l’accueil, un médecin est sur place 24h/24h afin de faire le tri des patients qui se présentent pour une consultation. Ce médecin est chargé d’envoyer chaque malade vers le service concerné en précisant qu’il reçoit près de «70 faux malades par jour».
Le médecin de garde a indiqué, entre autre, qu’il y a trois médecins au niveau des salles de consultations et trois autres médecins au niveau de la grande salle pour veiller à la prise en charge des malades. Un autre médecin de garde indique, de son côté, qu’à 19h45, les urgences commencent à grouiller de patients. Et dire que les patients disent qu’à partir de cette heure-là, les médecins sont toujours «abonnés absents».
Par Manal C.