Hôpitaux désertés par les blouses blanches,Le malade otage d’un conflit

Hôpitaux désertés par les blouses blanches,Le malade otage d’un conflit
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Alors que les médecins reprochent à la tutelle de faire la sourde oreille, les patients, eux, combattent la douleur tout en souhaitant le «rétablissement» de la discorde dans le secteur.

L’hôpital algérien n’est pas à sa première anarchie qui sévit dans le secteur, mais la crise qui frappe les établissements de santé publique s’est faite davantage affichée depuis quelques mois déjà. Malheur à celui qui tombe malade en ces temps où le secteur semble avoir des urgences plus pressantes que de prendre en charge ses malades. Tradition oblige, le service minimum ne fait que reporter d’une date à une autre, les rendez-vous et les opérations chirurgicales. Seuls les cas urgents sont admis aux soins. «Une simple consultation est devenue un luxe. Ce n’est pas donné, mon Dieu…pour être ausculter il faut jouer au mort …», fulmine un jeune homme trouvé devant le service d’ophtalmologie, de l’hôpital Mustapha- Bacha. N’ayant pas obtenu

l’accès à la salle de consultation, il déclare : «On m’a informé qu’ils ne reçoivent que les cas urgents, les autres peuvent attendre. Ce que je veux comprendre, c’est comment en ‘’consultant’’ avec leurs yeux, ils détectent ces cas urgents !» ajoute le même malade qui devrait apparemment patienter encore pour consulter sur la rougeur et les douleurs de ses yeux.

En effet, la colère des patients persiste tout comme le service minimum qui sévit dans le secteur. Aus services des urgences, l’afflux des malades est dispersé pour ne recevoir que «le strict minimum», les malades se trouvant donc dans l’obligation de se faire soigner chez un privé. D’autres patients qui viennent d’autres villes, le Sud notamment, se trouvent dans le double embarras, puisqu’ils se seront déplacés inutilement. C’est une préoccupation soulevée par une patiente venant du Sud, ayant toutes les peines du monde pour obtenir un rendez-vous pour une intervention chirurgicale. «Nous sommes là, mon mari et mois depuis une semaine. Nous n’avons pas où aller, on dort dans une maison de la Rahma. Et il faut qu’on attende encore pour décrocher un rendez-vous pour mon intervention. J’ai entendu dire que les chances de ceux qui n’ont pas de connaissances personnelles sont très limitées», regrette-t-elle. D’autres personnes, se trouvant dans le même cas, se voient contraintes de faire plusieurs allers et retours, ajoute-t-elle. En attendant la fin de la crise, cette malade combat la douleur et patiente. «Je n’ai pas d’autre choix», estime-t-elle. Malheureusement, les souffrances des malades risquent de perdurer encore, puisque le mode des attaques et des contre-attaques avec la tutelle ne cesse d’enfanter des polémiques. Après le temps des promesses et des invitations de la tutelle au dialogue, il s’est avéré que le département de Ould Abbès n’a pas su maîtriser la situation dans les hôpitaux. Le rapport entre la tutelle et le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP s’obscurcit de plus en plus. Et pour cause, le SNPSP déclare que «le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès a décidé de rompre unilatéralement le dialogue avec le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP)».

«Le président, le docteur Lyes Merabet dénoncera en outre : «Le ministre a fini par tourner le dos à tout le monde en improvisant une démarche de fait accompli de par l’annonce d’un régime indemnitaire sans l’amendement du statut tel que négocié en commission mixte SNPSP/MSPRH, après avoir accumulé promesses et engagements depuis son intronisation à la tête du département de la Santé». Soulignant que «Ould Abbès vise l’objectif de casser le SNPSP à défaut d’apprivoiser ses représentants», le président du SNPSP renchérit que la dignité des blouses blanches n’est pas à vendre et que c’est avec les véritables partenaires sociaux que les solutions doivent être trouvées.

Par Yasmine Ayadi