Le gel d’une partie de l’aide internationale après le coup d’État du 28 juin constitue un coup très dur pour l’économie du Honduras, déjà affaiblie par la crise mondiale et qui ne peut vivre que quelques mois sur ses réserves, estiment des analystes.
Le défi est donc relevé pour le gouvernement de Roberto Micheletti, mis en place après l’éviction du chef de l’État Manuel Zelaya, qui espère assurer la transition jusqu’à la prise de fonctions du nouveau président élu, fin janvier.
« La suspension de l’aide internationale est très grave, car près d’un tiers du budget national – environ 1,5 milliard de dollars – dépend de l’aide bilatérale et multilatérale », a déclaré à l’AFP l’économiste Nelson Avila, ancien conseiller du président déchu.
Selon l’équipe de M. Micheletti, le gel des crédits annoncé par la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement après le coup d’Etat va priver le Honduras d’environ 200 millions de dollars.

Le troisième pays le plus pauvre d’Amérique latine va en outre devoir se passer des 200.000 barils de pétrole à prix réduit qu’a cessé de lui fournir le Venezuela d’Hugo Chavez, proche allié de M. Zelaya.
Autant de coups durs pour une économie déjà frappée par la chute des exportations (café, banane, textiles) et la baisse des envois vitaux de devises de la diaspora, à cause de la crise économique.
L’industrie du tourisme a en outre enregistré une chute de 80% de son chiffre d’affaires depuis le coup d’Etat.
La marge de manoeuvre du gouvernement est donc limitée, selon les économistes. »Le Honduras peut s’en sortir tout seul pendant quatre à cinq mois », estime Martin Barahona, ancien président du collège des économistes du pays.
« Dans les conditions actuelles, un gouvernement ne peut pas résister six mois », abonde Wilfredo Giron, professeur d’économie à l’université nationale autonome du Honduras.
Six mois, c’est justement la durée de vie que s’est fixée le gouvernement Micheletti, qui espère tenir jusqu’à l’élection du nouveau président en novembre et à sa prise de fonctions deux mois plus tard.
D’ici là, le Honduras devra se débrouiller avec les rentrées fiscales et ses réserves de devises pour régler les factures urgentes.
Il devra en revanche sans doute laisser de côté les programmes sociaux pourtant essentiels dans un pays où 70% de la population vit dans la pauvreté.
Grâce à une croissance moyenne de 6% depuis 2003, le président Zelaya avait pu mettre en place une politique redistributive, augmentant de 65% le salaire minimum pour les emplois publics (de 180 à 280 dollars par mois).
Mais en 2009, l’économie devrait se contracter de 2%, son pire résultat depuis dix ans, selon la nouvelle ministre des Finances Gabriela Nunez.
« Dans ces circonstances, la seule possibilité est de dévaluer la monnaie, ce qui aggraverait la crise sociale », estime M. Giron.
« Le Honduras ne va pas pouvoir se sortir seul de ses problèmes économiques », ajoute M. Barahona.
Pour soulager les plus défavorisés, le patronat, qui soutient le gouvernement de facto, a accepté un gel des prix des produits de base, comme le poulet, le beurre ou les oeufs.
Les autorités vont aussi se serrer la ceinture pour essayer de surmonter « cette situation que nous allons vivre dans les cinq à six prochains mois », a promis M. Micheletti.