C’est en 1977 que la sociologue américaine, Suzanne Steinmetz, crée le concept de «mari battu», ultérieurement remplacé par celui d’«homme battu». Cette appellation était jusque-là inconcevable.
Des hommes battus par leurs femmes, il en existe partout, y compris en Algérie. Même s’il est marginal, ce phénomène est bel et bien réel. Il reste cependant tabou car la majorité des hommes battus refusent de dénoncer leurs « agresseurs », car c’est leur identité masculine qui est touchée.
La violence n’a pas de sexe
Même si cela a de quoi étonner, la violence n’est pas commise que d’un seul bord. Bien évidemment, il y a plus de femmes que d’hommes battus et le poing d’un homme fait plus de dégâts mais bien souvent, les femmes utilisent des objets, pour compenser leur faiblesse relative.
En Algérie, il n’existe pas de statistiques sur le sujet car les hommes taisent cette violence dont ils sont victimes, préférant la subir, ou au pire divorcer au lieu d’assumer en public les messes basses des autres. Cependant, certains osent faire le pas, d’abord en allant dans une structure hospitalière se faire délivrer un certificat médical puis, en déposant plainte au niveau du commissariat de police.
En franchissant cette étape importante, ces hommes battus font fi du regard de la société qui voit en eux des êtres dépourvus de virilité. Mais face au calvaire qui parfois dure plusieurs années, ces hommes décident un jour d’en finir, en affrontant le cœur du problème. C’est d’ailleurs la même chose qui se produit pour les femmes battues qui ne dénoncent leurs bourreaux qu’après avoir subi pendant des années une indicible violence.
Des dispositions pénales existent
Tout comme pour les femmes, les hommes battus ont un arsenal juridique et un code pénal qui offrent un éventail de dispositions permettant à ces hommes de déposer plainte pour coups et blessures volontaires, menaces, insultes et injures. Un cas a d’ailleurs été rapporté par la presse, celui d’un homme qui a été tabassé par son épouse à l’aide d’un marteau. Les faits qui se sont déroulés en 2010 à Gdyel, dans la wilaya d’Oran, ont été portés devant la justice. Cette dernière avait condamné la femme, âgée d’une trentaine d’années, à 6 mois de prison ferme et à une amende de 20 000 dinars.
Témoignages quasi inexistants
S’il est difficile de recueillir des témoignages d’hommes battus, sur les forums en ligne, certains se laissent aller à la confession, encouragés par l’anonymat.
Si l’un témoigne pour son ami en disant : « homme battu oui ! Un ami à nous l’a été pendant une année ! J’ai eu du mal à le croire, je l’avoue, j’ai même ri, qu’il m’en excuse! Sa femme, jalouse et mal dans sa peau, croyait qu’il ne l’aimait pas assez ! Elle était agressive, des mots méchants et un jour une assiette est partie, un meuble est tombé, des griffures, des gifles, un œil bleu, et j’en passe ! Au début, il gérait, essayait de la calmer, il l’aimait. Il l’aime encore ! Il est parti, elle se fait soigner, il a la garde de sa fille, il n’a jamais levé la main sur elle ».
Un autre demande plutôt conseil : « Je suis marié à une femme algérienne de 32 ans, moi j’en ai 42. Nous avons deux garçons et nous habitons Alger. Effectivement, l’équation est inversée, je suis battu plus de trois fois par mois, je ne sais pas ce que je dois faire, les enfants sont traumatisés, même par les paroles vulgaires qu’elle me balance tous les jour. Je vous demande SVP conseil, ou bien existe-t-il une institution pour ce genre de problème ».
Bien évidemment, les réponses sont également à lire car, si certaines sont empreintes de sagesse, d’autres invitent à plus de violence, préconisant de suivre la célèbre expression qui dit : « Œil pour œil, dent pour dent » qui, soit dit en passant, n’est pas toujours la solution idoine.
Kamir B.