Hommage au militant journaliste et historien Zahir Ihaddaden: Un nationaliste comme on n’en fait plus

Hommage au militant journaliste et historien Zahir Ihaddaden: Un nationaliste comme on n’en fait plus

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Un vrai travail de transmission que le lycée Frantz Fanon tente aujourd’hui de perpétuer grâce à ces rencontres intéressantes autour des grandes figures révolutionnaires algériennes…

Le Lycée Frantz Fanon de Bab El Oued avec la contribution de l’Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah, a organisé dimanche dernier, une cérémonie commémorative de la disparition de l’historien de notoriété, le moudjahid Zahir Ihaddaden décédé le 20 janvier 2017 à l’âge de 89 ans. En cette circonstance, une conférence-débat centrée sur la vie et le riche parcours du défunt a été animée à l’intention des lycéennes de l’établissement par des compagnons et universitaires de ce repère historique du Mouvement national et de la guerre d’Indépendance. Une rencontre qui fait suite à l’hommage à Frantz Fanon en 2016, puis à Réda Malek, à la demande des élèves du lycée…

Homme angélique

Pour évoquer le riche parcours de Zahir Ihaddaden, le premier à prendre la parole est M.Lamine Bechichi, ex-ministre et ancien ami et compagnon de lutte ayant partagé la même trajectoire pour la libération et la souveraineté de l’Algérie. Abordant son parcours révolutionnaire, avec force détails, notamment sa collaboration dans un journal édité à partir de Tétouan au Maroc avec ses proches collaborateurs, mais aussi dans une radio secrète. Néanmoins ce que l’on retiendra de son allocution est cette belle phrase qualifiant Zahir Ihaddaden d’ «homme angélique» dont la générosité, l’engagement et la droiture furent exemplaires. Et d’estimer que ce dernier «valait mille personnes». Pour sa part, Boudjemaâ qui était un ancien élève de Zahir Ihaddaden abordera pour sa part, l’homme à deux niveaux. D’abord, l’humain en soulignant avec acuité la force de résistance qui a caractérisé toute sa vie, du maquis jusqu’au moment de sa maladie, mais aussi sa grande soif de connaissance et sa profonde intégrité.

Sans polémique

Le deuxième aspect souligné par l’orateur réside dans le sentiment du devoir qui animait le professeur Ihaddaden, à savoir l’écriture de l’histoire de la presse algérienne, et son enseignement à l’université. Et de noter la grande modestie de cet homme qui relativisait sur sa personne lorsqu’il s’agissait de parler de lui à ses élèves. Boudjemaâ révélera qu’un des projets scientifiques qui importait chez Zahir Ihaddaden c’était de repenser l’écriture de l’histoire de l’Algérie en ce sens où il estimait qu’en vrai, l’histoire de l’Algérie a été amputée de 44 siècles qui ne sont pas cités. Il voulait pousser les gens à la réflexion, loin de toutes les polémiques et les querelles de la colonisation. «Ce projet culturel, dont il parlait pourrait désamorcer, aujourd’hui, les bombes qu’on sème pour l’avenir de l’Algérie, surtout dans certains aspects liés à l’identité pour éviter de parler des identités meurtrières comme le disait Amine Malouf», a-t-il conclu.

Prenant la parole, la fille du défunt, Wafa Ihaddaden, fera une intervention bien touchante à propos de son père. Elle se souvient de l’intérêt qu’il accordait à la lecture, y compris lorsque ce dernier était vieux, en se mettant à lire sur Internet et suivre toujours les actualités et les journaux, pour être au fait de ce qui se passe dans le monde et son attachement pour l’esprit familial. Pour rappel, pour ceux qui ne connaissaient pas ce grand homme, Zahir Ihaddaden est né le 17 juillet 1929 à Béjaïa, il a adhéré au PPA dans les années 50. Il rejoint la faculté des lettres d’Alger en 1952 et obtient sa licence de lettres arabes. Il a enseigné, par la suite à Miliana jusqu’en 1956, où il a été arrêté à cause de ses activités au sein du FLN. Parti pour la France, il tente de prendre attache avec le FLN puis il rallie Tunis en septembre 1956. Il décide de partir au Maroc où il a rejoint le FLN à Rabat à travers Si Allal qui l’a dirigé vers le journal du FLN La résistance algérienne basé à Tétouan.

Un vieux militant de l’UDMA

Il y trouve Ali Haroun comme responsable, Bouzaher Hocine, Moussaoui Sadek et Layadi Si Ahmed. Il fera partie de l’équipe qui relancera El Moudjahid en 1957. En 1962, il se retire de la politique et a été nommé professeur d’arabe au lycée El Idrissi. Il y a exercé durant deux années.

Avec Bensalem, vieux militant de l’UDMA, Zahir Ihaddaden fait partie du noyau qui a participé à la création de l’Ecole normale supérieure de Kouba en 1963, il a été aussi parmi les premiers enseignants à l’Institut du jour nalisme. Il a exercé ensuite au niveau de certains ministères avant de pren dre sa retraite en 1993. Auteur de plusieurs ouvrages, dont l’un consacré à la presse algérienne d’avant l’indépendance, Zahir Ihaddaden s’est beaucoup plus spécialisé dans les écritures historiques auxquelles il a dédié plusieurs livres.

Son dernier livre sorti aux Editions Dahleb Itinéraire d’un militant est une biographie qui retrace son cheminement. Son nom aujourd’hui est devenu une référence dans l’histoire de la presse algérienne, mais aussi dans l’engagement sans faille pour la libération algérienne, un patriote comme on n’en fait plus.