la veille de la célébration du 57e anniversaire du déclenchement de la Révolution du Premier Novembre 1954, le Forum d’El Moudjahid, en coordination avec l’association Machaâl Echahid, a organisé, hier, un hommage au groupe des 22 qui a été derrière l’idée de déclencher une révolution pour libérer le pays du joug colonial. A cette occasion, l’historien Mohamed Abbès a souligné que toute révolution démarre par une idée ; suivie d’une décision pour enfin se termine par des actes concrets. Et cela été le cas pour la Révolution algérienne, qui demeure un exemple pour les peuples épris de liberté. Comme il dira qu’« à guerre totale, sacrifice total ». Et l’on apprendra que la première date retenue a été le 15 octobre. L’idée de déclencher une révolution a commencé à germer dans les esprits des militants nationalistes depuis 1945, avec les massacres du 8 Mai 1945. C’est à partir de cette date qu’ils ont compris que la lutte politique ne peut donner des résultats, et seule une lutte armée peut mener aux rivages de l’indépendance. Au mois d’octobre 1948, Lamine Debaghine s’est rendu au Caire où il a pris attache avec le premier responsable de la Ligue arabe, Abderhmane Azzam, à la recherche de soutiens. Il reviendra avec la promesse d’une aide financière. Cependant, l’idée de mener une lutte armée ne sera pas abandonnée. En 1952, les derniers survivants de l’OS, un petit noyau formé de Krim Belkacem, Benboulaïd, Ben M’hidi, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf s’attellera à préparer dans le secret le plus total le premier novembre 1954. L’histoire retiendra que feu Mohamed Boudiaf a joué un grand rôle dans les préparatifs comme il a été le trait d’union avec les militants qui créeront le Front de libération nationale. Les origines du Front remontent à la naissance du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action, en mars 1954, dans le but de conférer une direction révolutionnaire unifiée, issue des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, des membres de l’Organisation spéciale, qui croient en la lutte armée, ainsi que des membres du Comité central qui étaient en désaccord avec le président du Mouvement, Messali El-Hadj. La réunion des 22 regroupe 21 militants. Elle se tiendra au Clos Salembier dans la villa d’Elias Derriche le 22e membre. Mohamed Abbès dira à son sujet que c’est un militant de la cause nationale et il a eu droit au vote. Donc, on ne peut le dissocier du groupe des révolutionnaires qui ont été derrière l’ étincelle de la guerre de libération.
La “Fusion nucléaire”
Le CRUA œuvra à la réalisation de l’unité des militants, mais devant son échec, les membres de l’Organisation spéciale se réunirent en juin 1954 à Alger. Au cours de la réunion de ce qu’il fut convenu d’appeler le groupe des 22, la décision d’organiser la révolution armée et de précipiter son déclenchement afin de préserver l’unité du peuple algérien et réaliser l’indépendance totale avait été prise. La date retenue sera le 15 octobre 1954. Mais les dirigeants décident de changer de date après que M’Hamed Yazid eut donné l’information au Caire. C’est ainsi que la date du premier novembre fut retenue. Le premier objectif tracé par le groupe de 22 était, selon le chahid Didouche Mourad, de couper le cordon ombilical avec le colonialisme. L’historien Mohamed Abbès dira que la Révolution de Novembre a été préparée par deux générations. Feu Mohamed Merzougui a donné le nom de “Fusion nucléaire” à la révolution de novembre. C’est au cours de deux réunions tenues le 10 et 24 octobre 1954 à Alger que le comité des Six a mis les dernières retouches aux préparatifs pour le déclenchement de la guerre de libération. D’importantes questions furent débattues par les présents. Le nom à donner à l’organisation dont la naissance était imminente et qui était destinée à se substituer au Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action. C’est ainsi que fut décidée la création du Front de libération nationale et de son aile militaire représentée par l’Armée de libération nationale.
A vous qui êtes appelés à nous juger
Le premier novembre, le secrétariat général du Front de libération nationale adressa au peuple algérien un appel qui portera le nom de déclaration de Novembre dont nous reproduisons un extrait : “PEUPLE ALGÉRIE, MILITANTS DE LA CAUSE NATIONALE, A vous qui êtes appelés à nous juger (le premier d’une façon générale, les seconds tout particulièrement), notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l’indépendance nationale dans le cadre nord-africain. Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir l’impérialisme et ses agents administratifs et autres politicailleurs véreux (…).”
Il est important de rappeler que La Révolution a débuté avec la participation de 1.200 moudjahidine au niveau national, dotés de 400 pièces d’armement et de quelques bombes artisanales seulement.
Les attaques visèrent les postes de gendarmerie, les casernes de militaires, les dépôts d’armement, ainsi que d’autres intérêts stratégiques, et également certaines propriétés accaparées par les colons…
Les attaques des moudjahidine ont englobé plusieurs régions du pays et visé plusieurs villes et villages à travers les cinq zones : Batna, Arris, Khenchela et Biskra pour la zone I, Constantine et Smendou pour la zone II, Azazga, Tigzirt, Bordj Menaïel et Draâ El-Mizan pour la zone III.
Au niveau de la zone IV, elles ont concerné Alger, Boufarik et Blida, tandis que Sidi Ali, Zahana et Oran, dans la zone V, étaient au rendez-vous pour le déclenchement de la Révolution (Carte du découpage politique et militaire de la Révolution 1954-1956)
De l’aveu même des autorités coloniales, le nombre d’opérations armées contre les intérêts français menées à travers toutes les régions d’Algérie au cours de la nuit du 1er Novembre 1954 s’est élevé à trente opérations, dont le bilan s’est soldé par la mort de 10 Européens, alors que 23 autres étaient blessés, tandis que des dégâts matériels ont été estimés à plusieurs centaines de millions de francs français.
Nora Chergui