Hommage à Rachid Taha, l’artiste guérillero

Hommage à Rachid Taha, l’artiste guérillero

Rachid Taha est mort le 12 septembre 2018, dans son sommeil. Une mort étrange, car tout indiquait qu’il allait mourir sur scène, là où il est consacré roi d’un style dont il est le créateur. Le Rai’n’Roll. Un mélange à la fois instinctif et savant, entre le Rai et le Rock n Roll. Un style qui, comme son créateur, ne donnait aucune importance aux frontières.

Outre le Rai et le Rock, Rachid Taha, ne s’embarrassait pas à insérer dans ses chansons et compositions du Blues, du Chaabi, de l’oriental, du jazz, du punk, du manouche, du flamenco, et tout ce qui lui passait sous la main. « Il n’avait peur de rien, car pour lui tout était possible », indique le magazine Rolling Stones, dans un article hommage consacré à l’artiste.

De carte de séjour à couscous clan : Taha, l’artiste guérillero

Rachid Taha est né un à Sig, dans la wilaya de Mascara, à l’ouest de l’Algérie. Le berceau du Rai. Depuis, il est l’étranger qui est partout chez lui. Avec son look à mi-chemin entre la classe et la provocation, et sa voix exceptionnellement rauque et expressive, le fils de Sig est parti à conquête du monde. Et il a réussi. Outre son concert 123 soleil avec Faudel et Khaled, Rachid Taha a pu se produire avec des sommités de la musique mondiale.

Que serait le Film culte Black Hawk Down sans la chanson de Rachid Taha (Berra Berra) dans la bande sonore. Quel sort aurait connu la chanson des Clash, Rock The Casbah, si Rachid Taha ne l’avait pas reprise. Une reprise qui scella d’ailleurs une indéfectible amitié entre le groupe britannique et le chanteur Algérien. On s’en lasse pas de regarder le grand Mick Jones chanter, avec un Taha en transe, la chanson de « Bent Sahra Ya mahlaha ».

Mais Rachid Taha, à qui ça arrivait d’insulter son public si par malheur ce dernier ne bougeait pas assez à son goût, était aussi un véritable guerrier, qui se battait d’arrache-pied contre toute forme de racisme. À commencer par son premier groupe, Carte de Séjour en France, et sa chanson mythique Zoubida, et en passant par le Couscous Clan, parodie toute en musique de la bêtise humaine représentée par le Ku Klux Clan.

Rachid est parti. Personne ne s’y attendait. Il est parti un 12 septembre, tout comme un certain Johnny Cash, qu’il adorait et de qui il s’est beaucoup inspiré. Rachid nous a quitté, mais il a laissé des trésors musicaux, et une empreinte indélébile dans le cœur de tous ceux qui ont su l’aimer.