S’il est un homme qui incarne le mieux le 1er Novembre 1954 dans toutes ses dimensions, c’est bien Mohamed Boudiaf, de son nom révolutionnaire Si Tayeb El-Watani, littéralement le bon patriote.
Celui qui a lancé à tous les tièdes de l’époque qu’il allait mener la guerre contre la France coloniale, «même avec les singes de La Chiffa !».
Boudiaf en était capable, lui qui était de toutes les batailles du mouvement national jusqu’à mériter le nom de «père de la Révolution».
Un parcours plein d’engagement, d’abnégation et d’intégrité, mais malheureusement mal récompensé à l’indépendance.
Il a en effet été condamné à mort, en 1964, par ses anciens compagnons après qu’il eut rejoint l’opposition et créé le PRS, Parti pour la révolution socialiste.
En effet, les idées de l’homme ont toujours été en faveur du peuple qu’il a toujours défendu.
Après un exil de 28 ans au Maroc, il a été rappelé en catastrophe, en janvier 1992, pour sauver un pays qui n’allait pas tarder à sombrer dans une spirale de violence inouïe.
L’Algérie était tiraillée entre un FIS vainqueur du premier tour des législatives de décembre 1991 et une armée qui ne comptait pas s’en laisser conter.
Oubliées les anciennes injustices commises à son endroit des années durant, Mohamed Boudiaf accepta la rude tâche et tendit sa main à tous ses compatriotes.
Une main, que les jeunes qui ne le connaissaient pas – l’homme n’ayant jamais eu les faveurs des médias ni la juste consécration des manuels scolaires – hésitèrent à prendre.
Mais ils ne tardèrent pas à découvrir un homme sincère, vertueux et affichant une aversion et un mépris viscéraux à la quête matérielle. Les jeunes prirent alors la main de cet homme «neuf».
Mohamed Boudiaf a su redonner confiance à la majorité des Algériens. Durant les quelques mois qu’il a passés à la tête du HCE, son franc-parler a résonné dans les coins et les recoins les plus reculés de l’Algérie, là où il prêchait l’amour du pays et la justice entre tous ses citoyens.
Son bref passage à la tête du pays a été marqué par des positions radicales, tant sur le plan politique qu’économique.
D’abord, en finir avec la crise sécuritaire ayant résulté de l’arrêt du processus électoral, avec notamment la dissolution du FIS.
S’agissant du FLN, dont il est pourtant le titulaire de la carte de militant 1, il avait préconisé, dès 1962, de «le mettre au musée».
L’abus de pouvoir et les avantages par et pour les responsables ? La politique dans la mosquée et l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques ? La corruption ? «Tout cela est désormais fini», avait-il dit lors de sa première conférence de presse animée en tant que chef de l’Etat.
Sur le plan socioéconomique, le président Boudiaf a tenté d’instaurer des politiques sociales de développement en se penchant notamment sur les questions du chômage et des difficultés vécues par les franges fragiles de la société.
Sur le plan économique, il a également donné le ton de son choix pour des réformes globales et profondes.
Que reste-t-il aujourd’hui de l’héritage politique de Mohamed Boudiaf ?