Hommage à Frantz Fanon, le psychiatre qui rêvait d’une Algérie libre

Hommage à Frantz Fanon, le psychiatre qui rêvait d’une Algérie libre

Le 6 décembre 1961, à seulement 36 ans, Frantz Fanon, le psychiatre révolutionnaire, l’essayiste militant, s’est éteint à Bethesda, dans un hôpital militaire de la banlieue de Washington, aux États-Unis. L’auteur des Damnés de la terre ne verra jamais l’Algérie libre pour laquelle il a milité.

Autant la vie de Frantz Fanon fut courte, autant elle était exceptionnelle. Français de nationalité, algérien de cœur, le psychiatre est passé d’un enfant métisse dans sa petite école au large des caraïbes à une figure majeure de l’anticolonialisme. Frantz Fanon, de soldat dans l’Armée française de la Libération en 1943, est devenu le « Che Guevara » de la révolution Algérienne.

«L’insurrection du 1er novembre 1954 s’est transformée en guerre d’Algérie ; Fanon y voit une guerre colonialiste. D’instinct, le jeune médecin, exactement comme le fait au même moment l’Argentin Che Guevara, se range dans le camp des rebelles», commente l’historien français  Benjamin Stora.

Frantz Fanon, un rêve d’indigène

Fanon disait que « la première chose que l’indigène apprend, c’est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites ; c’est pourquoi les rêves de l’indigène sont des rêves musculaires, des rêves d’action, des rêves agressifs ». C’est pour cela, estime le psychiatre, que « le colonisé n’arrête pas de se libérer entre neuf heures du soir et six heures du matin ».

Mais le rêve n’était pas suffisant pour le psychiatre. Il fallait passer à l’action, et c’est ce qu’il a fait. Frantz Fanon, en 1953, devient médecin-chef d’une division de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. Il ne lui fallait pas beaucoup de temps pour s’opposer à Antoine Porot qui considérait « le Nord-Africain musulman comme un débile hystérique, sujet, de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles ».

Cependant, et au-delà de ses méthodes modernes de « sociothérapie » et « psychothérapie institutionnelle », Frantz Fanon, dans une lettre adressée au général Lacoste, affirme que « la colonisation, dans son essence, se présentait déjà comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques ». Pour toute réponse, le psychiatre fut expulsé de territoire algérien en 1956.

Frantz Fanon : la révolution dans l’âme

Frantz Fanon a pu rencontrer, dans les maquis, plusieurs leaders de la révolution algérienne. Il s’est engagé au sein la direction politique du Front de libération nationale, notamment  avec Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, avec qui il va étroitement collaborer jusqu’à sa mort en 1961.

Pour aller au fond des choses, Fanon décide de rompre sa nationalité française, et se prononce comme un Algérien avant même que l’indépendance pointe son nez. Depuis Tunis, il apporte son appui à la révolution en traitant, via l’organe central de presse du FLN, El Moudjahid, les problèmes de torture.

Frantz Fanon, atteint d’une leucémie, s’éteint à 36 sur un lit d’hôpital, dans une banlieue de Washington, le 06 décembre 1961, avant seulement trois mois du cessez-le-feu prononcé entre le FLN et l’armée française.