Le président du Gpra revisité
Il y a des nationalistes dictateurs et des nationalistes démocrates. Ferhat Abbas fait partie des nationalistes démocrates.
On a célébré hier le 28e anniversaire du décès de l’une des figures emblématiques de la Révolution algérienne. Ferhat Abbas, premier président de la République algérienne était de retour. Une conférence a été organisée en sa mémoire au centre de presse d’El Moudjahid. Le célèbre historien Zouheir Iheddadene n’a pas hésité à lancer que la lutte pacifique du défunt Ferhat Abbas, «était bel et bien engagée avant celle menée par la légende Indira Ghandi de l’Inde et celle du défunt Nelson Mandela de l’Afrique du Sud», a-t-il souligné, avant de déplorer que la force coloniale française et le régime dictatorial qui a suivi l’indépendance nationale avaient étouffé Ferhat Abbas.
Mais malgré le népotisme des hommes politiques assoiffés de pouvoir qui réduisent au silence les hommes de valeur, Ferhat Abbas a, malgré tout, continué à éditer des livres depuis sa résidence afin de dénoncer l’injustice et l’obscurantisme jusqu’à sa mort.
Devant une salle de conférences archicomble, l’historien Zouheir Iheddadene a touché du doigt le mal du pays depuis bien avant l’indépendance avant d’arriver à une situation politique que d’aucuns ne pouvaient imaginer. «Il y a deux sortes de nationalistes.
Il y a des nationalises dictateurs et des nationalistes démocrates. Ferhat Abbas fait partie des démocrates qui ont dénoncé les nationalistes » qui ont conduit le pays vers le chaos de la décennie noire», a-t-il déclaré, tout en relevant la qualité de cette figure emblématique de la révolution algérienne qui mesure très bien ses mots, au point d’éviter toute déclaration en dehors des rencontres officielles comme ce fut le cas de cette rencontre en hommage à ce personnage inoubliable. Le conférencier n’a pas hésité à revenir sur la période des dictateurs post-indépendance jusqu’à l’ouverture démocratique, qui ont étouffé, marginalisé, emprisonné les meilleurs enfants du pays, rien que pour avoir une opinion différente de la leur.
De son côté, Tahar Gaïd, une autre figure de la Révolution algérienne, est revenu sur la période qui a marqué la rencontre et les liens entre l’architecte de la Révolution algérienne, Abane Ramdane et Ferhat Abbas. «Les deux personnages ont eu des relations de confiance inégalables. Ferhat Abbas qui a donné toute sa vie pour la cause algérienne s’est rallié aux fondateurs du FLN historique qui ont pesé de tout leur poids jusqu’à l’Indépendance nationale», a souligné M.Gaïd. Influencé par les icônes de l’histoire de l’Algérie à commencer par l’Emir Khaled, Abdelhamid Ben Badis et Bachir El Ibrahimi, Ferhat Abbas était un nationaliste musulman ouvert sur le monde et non pas l’inverse, tout en réfléchissant toute sa vie sur le fonctionnement de la politique dans le monde afin de comprendre les rouages qui ont marqué les coups bas de la dictature post-indépendance qui a pillé les richesses naturelles du pays et s’est attaqué à des trésors qui ont conduit le peuple algérien vers la liberté et l’indépendance. Riche de valeur et de connaissance, d’humanisme et de l’esprit nationaliste au sens élevé du terme, Ferhat Abbas, même en dehors de ses activités politiques ne ménageait aucun effort pour soigner les malades et répondre à l’exigence du devoir moral et patriotique. Repose en paix dans ton paradis, M. le président du Gpra, au même titre que tous les militants honnêtes et sincères de la cause nationale. Le sang des martyrs n’est jamais vain. Chaque chose viendra en son temps.