La première partie de la soirée était plutôt calme et doucereuse puisqu’elle a consacré aux férus du jazz des standards impérissables avec un répertoire arrangé et révisé par le saxophoniste, Claude Baehr, et chanté par la vocaliste surprise, Nathalie. La voix de cette dernière a été insérée au dernier moment dans la partition du groupe après le renoncement de Morgan, la cantatrice habituelle de la formation, absente pour des raisons de santé, nous confieront tour à tour Nathalie et le pianiste juste après le spectacle. Cette déconvenue a valu à cette dernière des répétitions accélérées. «Les organisateurs de Dimajazz exigeaient la présence d’une voix», dira le chef d’orchestre qu’on avait accosté dans la loge. Il n’empêche que cette substitution était savoureuse pour le public qui n’a raté aucun «mouvement vocal» de cette «blondissime» entrée sur scène en tenue noire pour rappeler sans doute les couleurs identitaires du jazz. Du moins, ce contraste a donné du swing au TRC.
Le maestro du quintette, français Isonga exécutait d’abord deux intro, dont une valse «mineure» écrite jadis, dira-t-il, pour sa fille, avant d’inviter la vocaliste à interpréter les chansons d’Horace Silver, notamment Filthy Mcnasty, Tokyo Blues, et de tempérer avec Song for My Father. Un thème mondial inspiré par Horace lors de son passage au Brésil. Ce jazz varié, léger et de surcroît agréable par des mélodies du pianiste Erwin, laissait planer le public pour un grand moment. Toutefois, Isonga ne pouvait se produire sans rendre hommage à Claude Nougaro, adepte incontournable du jazz. Une grande partie du programme lui sera ainsi dédiée dont Sing Sing Song et Danser sur moi, une chanson pleine d’émotion. En outre, Claude B. décernait deux autres hommages, l’un à Michel Petrucciani, virtuose pianiste français décédé en 1999, en interprétant son training, et l’autre à l’Américain Chick Coréa, redécouvrant ses 500 miles high et Girl Talk. «C’était sympa», s’accordent à dire les nocturnes de Dimajazz dans le hall du théâtre en attendant la production de la seconde troupe. Du moins, Isonga était surpris par les applaudissements chaleureux que le public lui a réservés, à la faveur d’un ornement supplémentaire dans le quintete, signé Nathalie.
Et en délectation à ces quatre Français qui ont revu des standards de jazz à leur manière. La seconde tranche du spectacle sera, en revanche, rythmée. Un autre groupe, un autre genre ressuscitent le jazz funk, Groove, grâce à des compositions assez originales de la formation Zetlab, France. «En fait, c’est du jazz moderne que l’on joue avec un peu plus de groove et de rythme», avancera le jeune trompettiste Julien, compositeur avec le batteur de Zetlab. Il y avait des «distorsions» émises par le claviériste Benjamin Moussay (de formation classique) et perçues différemment par l’assistance. La troupe employait quelques riffs reconnaissables à l’Europe de l’Est pour enrichir sa composition. En somme, le show de lundi soir a partagé le public. Les nostalgiques ont quitté le TRC juste après la sortie d’Isonga. Les plus grooves ont supporté les sons puissants de Zetlab jusqu’au bout…