Hollande en Algérie, une opportunité pour les entreprises françaises?

Hollande en Algérie, une opportunité pour les entreprises françaises?

François Hollande est arrivé mercredi à Alger avec la délicate mission de redonner du souffle aux relations économiques franco-algériennes. Une tâche qui s’annonce ardue, même si Paris et Alger semblent de plus en plus s’orienter vers une normalisation de leurs rapports.

Le président François Hollande est en visite d’Etat en Algérie les 19 et 20 décembre. L’objectif est triple: panser les plaies du passé, relancer les échanges économiques et adresser un message d’espoir à la jeunesse algérienne

Il était attendu de longue date en Algérie. Accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprise, François Hollande est arrivé ce mercredi à Alger avec la délicate mission de redonner du souffle aux relations économiques franco-algériennes. Car si les échanges entre les deux pays ont plus que triplé depuis dix ans, les implantations d’entreprises hexagonales en Algérie reste bien inférieures à celles du Maroc ou de la Tunisie, et la France n’est que le quatrième partenaire commercial de son ancienne colonie.

Quelles sont aujourd’hui les relations économiques entre les deux pays?

Avec 15% de parts de marché en 2011, la France est actuellement le premier fournisseur de l’Algérie. Elle devance la Chine (10%), l’Italie (9,9%) et l’Espagne (7,3%). Le montant des exportations tricolores à destination de l’Algérie a atteint 5,75 milliards de dollars l’année dernière, ce qui en fait le troisième partenaire commercial de l’Hexagone hors pays de l’OCDE, derrière la Chine et la Russie. En revanche, la France n’est que le quatrième client du pays, comptant pour 8,9% des exportations algériennes, bien loin derrière les Etats-Unis (20,5%), l’Italie (14,2%) et l’Espagne (8,9%).

Les échanges économiques entre les deux pays se font aujourd’hui à deux vitesses. Hors produits agricoles (25% des exportations), la France expédie essentiellement des produits informatiques vers son ancienne colonie (37,5%), des automobiles (12%), des produits pharmaceutiques (10,5%) et des matériaux de construction. En retour, ses importations en provenance de l’autre rive de la Méditerranée se composent à 97% d’hydrocarbures et de produits dérivés, dont la moitié concerne du pétrole non raffiné. Hors gaz, l’Algérie est d’ailleurs très loin d’être un fournisseur énergétique de première importance pour Paris, puisque elle ne pèse que pour 0,87% des importations de pétrole de l’Hexagone en 2011.

Pourquoi les entreprises tricolores boudent-elles le pays?

L’implantation des entreprises françaises est relativement importante à l’échelle du pays, puisque la France compte 450 entités sur le sol algérien, dont près des deux tiers de PME. Ces entreprises génèrent aujourd’hui quelques 35.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects, d’après le ministère de l’Economie et des Finances. Pourtant, la représentation française en Algérie est moins importante qu’au Maroc (500 entreprises) et dérisoire au regard de celle qui existe en Tunisie (1250 entreprises), pays près de quatre fois moins peuplé.

Cette frilosité peut s’expliquer par le fait que l’Algérie a durci les conditions d’accès à son marché. Aujourd’hui, une entreprise étrangère ne peut plus s’implanter sur le sol algérien sans qu’une entreprise locale, souvent d’Etat, ne possède la majorité du capital de la filiale. C’est la fameuse règle du 49/51%, instaurée en 2009 par le gouvernement algérien suite au rachat du cimentier égyptien Orescom par Lafarge. Ce dernier avait alors pu mettre la main sur les deux cimenteries algérienne de son concurrent, au nez et à la barbe des autorités algérienne qui avaient dû assister impuissantes à l’arrivée du géant français sur leur sol.

Ce droit de regard a même été élargie en 2010 au secteur bancaire par une ordonnance stipulant que « toute future ouverture de banque ou d’établissement financier par un investisseur étranger serait conditionnée par la détention de 51% du capital par des actionnaires nationaux ».

La visite de François Hollande peut-elle impulser une nouvelle dynamique?

La question est sur toutes les lèvres. Le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a appelée de ses voeux « l’instauration d’un « pacte d’amitié et de coopération » entre les deux pays. Il a par ailleurs ajouté que « l’Algérie et la France » allaient, durant la visite de la délégation tricolore, « procéder à la signature de 7 à 8 accords touchant plusieurs secteurs dont la défense, l’industrie, l’agriculture, la culture, l’enseignement et la formation ».

Paris ne cache pas non plus son désir d’en finir avec les atermoiements et les belles promesses de l’ère Chirac-Sarkozy. Et n’hésite pas à mettre les moyens. Jamais depuis sa prise de fonctions en mai, le président français n’avait été accompagné à l’étranger d’une délégation aussi nombreuse: près de 200 personnes dont neuf ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine d’hommes d’affaires, des écrivains, des artistes et plus d’une centaine de journalistes.

On sait d’ores-et-déjà que Renault s’apprête à signer avec l’Etat algérien un accord, négocié depuis trois ans, autorisant la construction d’une usine près d’Oran affectée à la fabrication de 25000 Renault Symbol par an dès 2014. Lafarge va signer pour sa part avec le Groupe Industriel des Ciments d’Algérie un accord portant sur la production de 5 millions de tonnes de ciment. Sanofi devrait s’allier à Faïdal, un opérateur local, pour la production de médicaments destinés au marché local. La création de partenariats économiques sera, quoi qu’il en soit, conditionnée dans une large mesure à la normalisation des rapports entre Paris et Alger.