Hollande-Bouteflika : une rencontre dans « les meilleurs délais »

Hollande-Bouteflika : une rencontre dans « les meilleurs délais »
Le président François Hollande a réaffirmé jeudi son attachement à l’amitié ancienne et à la force des liens de la France avec l’Algérie et le Maroc en recevant le roi Mohammed VI à l’Elysée et en s’entretenant au téléphone avec son homologue Abdelaziz Bouteflika.
C’est pratiquement dans les mêmes termes que la présidence française a décrit dans deux communiqués distincts diffusés presque simultanément « l’attachement à l’amitié » unissant ces pays d’Afrique du nord et l’ancienne puissance coloniale française et leur volonté de « construire un espace euro-méditerranéen »
François Hollande a fait part au président Bouteflika « de sa volonté de développer encore les nombreux liens existant entre la France et l’Algérie » et de renforcer le « partenariat d’exception » entre les deux pays. Les deux présidents sont convenus par ailleurs « de se rencontrer dans les meilleurs délais », selon l’Elysée. Sachant qu’on est à la veille de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance algérienne, le président français ira-t-il jusqu’à se déplacer à Alger pour participer à l’événement ou invitera-t-il Bouteflika à Paris ? L’occasion sera-t-elle mise à profit pour évoquer le contentieux colonial ? Les jours prochains, on en saura plus.
Il demeure que malgré la froideur des relations ces dernières années, Alger et Paris continuent de coopèrer sur le plan économique. L’Algérie est l’un des partenaires privilégiés de la France en Méditerranée, mais les relations entre Paris et son ancienne colonie traversent régulièrement des zones de tension. Le 11 mai, la France a distribué comme la plupart des capitales européennes et arabes ses satisfecits à Alger. Elle a salué la tenue des élections législatives en Algérie, estimant qu’elles s’étaient « globalement déroulées dans le calme et sans incident majeur ». Le nouveau présdent français s’est gardé de commenter les accusations de « manipulation » lancées par les islamistes sans doute pour éviter toute facherie avec le gouvernement algérien.
Le lendemain, Paris avait simplement constaté qu’ »une nouvelle législature s’ouvre en Algérie », après la proclamation des résultats qui consacraient la prééminence de l’ancien parti unique le Front de libération nationale. Les islamistes ont été relégués à la troisième place, alors qu’ils s’étaient imposés partout dans les pays touchés par le Printemps arabe où des élections libres ont eu lieu.
La France a toujours navigué avec sensibilité entre Alger et Rabat. Alors forcément quand on contacte l’un, il faut faire pareil avec l’autre. Aussi, François Hollande a sacrifié à la règle. Il a assuré Mohammed VI, en visite privée en France, de « son attachement à l’amitié entre la France et le Maroc », à l’occasion de leur première rencontre depuis la prise de fonction du socialiste français le 15 mai.
Il « a salué le processus de réforme démocratique, économique et sociale en cours dans le royaume à l’initiative » du roi, soulignant que « la France se tient au côté du Maroc dans la voie qu’il a choisie de modernisation économique et d’approfondissement de l’Etat de droit ».
Le Maroc est l’allié le plus proche de la France en Afrique du Nord. Le pouvoir de l’ex-président Nicolas Sarkozy avait notamment apporté ces derniers mois un soutien appuyé aux réformes politiques engagées par Mohammed VI dans le contexte des « printemps arabes ». Les islamistes modérés du parti Justice et développement ont remporté fin novembre 2011 les législatives anticipées et son responsable Abdelilah Benkirane a été désigné en janvier Premier ministre par le roi.
Sur la question du Sahara occidental, la France officielle ne semble pas avoir changé.
La semaine dernière, la France a réitéré « son appui au plan d’autonomie marocain (au Sahara occidental), qui est la seule proposition réaliste aujourd’hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’une solution dans le cadre des Nations Unies ».
Cette déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero intervenait alors que Rabat venait de retirer sa confiance à Christopher Ross, accusant l’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental de mener un travail « partial et déséquilibré », quelques semaines après un rapport des Nations unies critique vis à vis des autorités marocaines. En des termes très diplomatiques, Paris avait toutefois appelé « à un règlement rapide du différend » qui oppose Rabat à Christopher Ross.
Le rapport de l’ONU mettait en cause des agissements des autorités de Rabat, accusées notamment de compliquer le travail des Casques bleus de la Mission de l’ONU (Minurso) au Sahara occidental, territoire occupé par le Maroc depuis 1975 et revendiqué par le Polisario, soutenu par Alger.