Hollande : « Avec Bouteflika, j’ai le sentiment de faire l’histoire »

Hollande : « Avec Bouteflika, j’ai le sentiment de faire l’histoire »

Le président est allé « plus loin » que ses prédécesseurs pour refermer les blessures entre les deux nations.

Ce sera la dernière phrase publique de François Hollande en Algérie. Il l’a prononcée à la toute fin de sa conférence de presse dans le somptueux hôtel Marriott retranché sur les hauteurs de Tlemcen. « Ce sont les pays qui ont une voix universelle qui doivent ouvrir la voie aux autres, comme la France l’a fait avec l’Allemagne. » Rien de moins. Après Mitterrand-Kohl, Hollande-Bouteflika. Le nouveau couple, qui a passé deux jours presque bras dessus, bras dessous, entend ouvrir une « nouvelle page » – expression maintes fois utilisée par Hollande – et exporter vers d’autres contrées ce « partenariat d’égal à égal », selon l’autre gimmick hollandais du moment.

Le discours du matin a donné le ton. Devant les deux assemblées réunies dans le Palais des nations, une grosse bâtisse moderne posée à l’extérieur d’Alger, le président de la République a prononcé un discours apprécié des élus. Les mots utilisés – la colonisation décrite comme un « système brutal et injuste », la dénonciation d’un déni de vérité sur les « injustices » ou « la torture » – ont plu, même si certains représentants du peuple algérien en voulaient plus. L’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire algérienne et membre de la délégation, a reconnu que François Hollande est « allé plus loin que ses prédécesseurs en citant des lieux, des dates, des noms ». Stora apprécie aussi que le chef de l’État ait promis l’ouverture des archives aux historiens afin qu’ils fassent jusqu’au bout leur travail.

Ferveur

Souvent, Hollande a loué « l’accueil » dont il a bénéficié en Algérie. Son arrivée à Tlemcen, une ville frontalière du Maroc, a été incroyable de ferveur. Des calicots partout sur la route qui mène de l’aéroport au centre-ville, des banderoles de fanions tendues dans toutes les rues, des portraits géants des deux chefs d’État sur les murs et, contenue derrière des barrières, une incroyable marée humaine qui hurle au passage des deux hommes boulevard du colonel-Lotfi. À pied, Hollande et Bouteflika remontent dans la liesse cette artère de platanes, comme ils l’ont fait la veille à Alger. Mais, à la différence de la « déambulation » algéroise, les chants ne sont pas seulement à la gloire de Bouteflika. Si les « one two three, viva l’Algérie » fusent toujours, les drapeaux français et les portraits de Hollande fleurissent aussi.

À l’université de Tlemcen, devant un amphi de stuc et de mosaïque bondé, Hollande a loué l’esprit d’ouverture et de tolérance qui caractérise la ville, fief de Bouteflika. Il a aussi dit qu’il avait remonté « main dans la main » le boulevard du colonel-Lotfi avec Bouteflika. Avant de lancer, décidément sûr de son fait : « Avec lui, j’ai le sentiment de faire l’histoire. »