Une affaire de hogra qui a failli tourner au drame à Batna, dans les Aurès. Dimanche 02 octobre, Yahia Moussa, 40 ans, a tenté de mettre fin à ses jours en avalant de l’acide et en s’aspergeant d’essence avant d’être ramené à la raison.
Le soir, il sera admis à l’hôpital pour un lavage d’estomac. Père de 5 enfants, bénéficiant d’une rente mensuelle de 3000 dinars dans le cadre du filet social, Yahia accuse nommément Mohamed Bouras, député du RND de la circonscription de Batna, de vouloir « l’envoyer en prison ».
Les faits remontent au mois de ramadan dernier. Yahia raconte à DNA que la mairie de Batna a décidé d’offrir à des citoyens démunis des appareils électroménagers au cours d’une réception publique. C’est ainsi que Yahia Moussa bénéficie d’un téléviseur.
« Le soir même, Mohamed Bouras est venu me confisquer le téléviseur pour l’offrir à l’un de ses proches. Il l’a fait devant les gens, au vu et au su de tout le monde. Lorsque j’ai protesté, il m’a répondu : ‘Je n’ai rien à te dire. Vas te plaindre chez qui tu veux’. »
Selon Yahia Moussa, ce député a également pris à son compte des téléviseurs, des frigidaires, des cuisinières ainsi que des robots de cuisine.
Lettre adressée au Premier ministre
Refusant de se laisser faire, M. Moussa décide alors de saisir par lettre le Premier Ministre Ahmed, par ailleurs secrétaire général du RND ( Rassemblement national démocratique), pour se plaindre du comportement de l’élu de Batna.
Il adresse également un courrier au wali de Batna, au maire de la ville, au procureur de la République et saisit la presse.
C’est ainsi que trois articles sont paru dans les journaux évoquant la lettre adressée par Yahia Moussa et dans laquelle il fait cas de pressions et des intimidations de la part de Mohamed Bouras, dont le nom est cité explicitement. (Voir l’article du quotidien El Fadjr du 3 septembre 2011 dans lequel le député est directement cité
Le député ne goûte pas la médiatisation de l’affaire
Visiblement, cette médiatisation n’a pas été du goût du parlementaire. Yahia Moussa raconte encore : « Quand il a prit connaissance des articles le visant directement, il a fait pression sur une femme pour l’amener à témoigner contre moi. C’est ainsi que je suis convoqué par la police dimanche 25 septembre pour répondre d’une plainte déposée par cette personne que je ne connais pas et qui prétend que je lui ai promis un logement. Comment pourrais-je promettre un logement alors que je fais vivre ma famille avec un misérable salaire de 3000 dinars ? »
Yahia Moussa ajoute : « Le chef de daïra a fait une enquête et il a découvert que cette femme a été mandatée par le député dans le but de me nuire. Ce député a dit : ‘ S’il ne tait pas, je vais l’envoyer en prison ».
Une nouvelle plainte est alors déposée au commissariat contre Yahia Moussa.
Dimanche 2 octobre, celui-ci reçoit un appel de la police lui demandant de se présenter le lendemain pour être présenté devant le procureur. « Ils m’ont demandé de ramener tous les papiers concernant cette affaire », précise M. Moussa.
Essence, acide et pesticide
Il est 10 heures ce dimanche 2 octobre. Yahia quitte le commissariat de Batna. Dans une station service, il achète un bidon d’essence, puis se procurer une bouteille d’acide et un pesticide dans un commerce de la ville.
Il se rend alors au centre-ville avec la ferme intention de mettre fin à ces jours. Peu de temps auparavant, il adresse une lettre d’adieu (dont DNA détient une copie) à ses amis dans laquelle il explique les raisons pour lesquelles il a décidé de se suicider.
« J’ai bu de l’acide, raconte-t-il, avalé le pesticide et aspergé mes habits avec de l’essence. Je voulais en finir. Je voulais en finir avec ma vie car je ne supporte pas l’injustice. »
Les autorités sont alertées, la protection civile accoure sur les lieux. On tente de raisonner le père de famille. « Je leurs dit : ‘C’est lui ou moi. Si vous ne me rétablissez pas dans mes droits, je me tue. »
Lavage destomac
Vers 17 heures, Yahia Moussa accepte de surseoir à son geste. Transféré à l’hôpital, il subira un lavage d’estomac avant de quitter la clinique vers minuit.
Lundi matin, il subira un nouveau lavage d’estomac. Convoqué devant le procureur de la république ce lundi, on lui demande de revenir ultérieurement. « On m’a dit :’Tu peux rentrer chez moi’ », affirme-t-il à DNA.
Mohamed Bouras nie en bloc
Contacté par DNA pour connaitre sa version des faits, le député de la circonscription de Batna, Mohamed Bouras, nie avoir une quelconque relation avec Yahia Moussa. « Je ne connais pas ce monsieur, je ne sais pas de quoi vous parlez. Je ne connais pas cette affaire », affirme-t-il au téléphone.
Nous évoquons les faits qui lui sont reprochés publiquement par ce citoyen et ainsi que les articles de presse qui le citent nommément, mais M. Bouras insiste pour dire qu’il n’est concerné ni de prés ni de loin par cette affaire.