Le chercheur a indiqué que les capacités de rétention des pays du Maghreb sont faibles face à la force des éléments attractifs des pays développés.
Le phénomène de la fuite des cerveaux est devenu critique dans les pays du Maghreb, en particulier pour l’Algérie, a indiqué, jeudi, Hocine Labdelaoui, sociologue et chercheur au Cread, un des coauteurs de l’étude intitulée “De la fuite des cerveaux à la mobilité des compétences : une vision du Maghreb”, à Algérie presse service (APS), lors d’une conférence organisée à la salle Mohamed-Zinet à Riadh El-Feth, en marge du Salon national du recrutement.
La répartition des émigrants algériens qualifiés par pays indique qu’ils sont installés en majorité en France (75%). Ils ne sont que 24% de “nationalité algérienne” dans le pays d’accueil. Par contre, 75% des immigrés algériens qualifiés possèdent la nationalité du pays d’accueil, dont 48% d’entre eux l’avait déjà à la naissance.
En France, il y a un volume important d’Algériens qualifiés, avec un volume de 139 000 sur un effectif d’émigrés qualifiés (bac+2 ans) de l’ordre de 454 000 environ, soit 31% de la totalité, nettement supérieur à la moyenne observée dans les pays de l’OCDE. “Trois lectures peuvent être faites”, relève l’ouvrage. La première, la plus rigoureuse, est celle qui considère la fuite des cerveaux à partir du niveau de la licence, d’ingéniorat et d’un diplôme de médecine. Sur cette base, ils ne sont que 52 800 diplômés, avec 33% de médecins, 27% d’ingénieurs et 33% ayant au moins une licence. Une autre acception légère peut être faite en intégrant aussi les niveaux bac+2, ce qui donne un taux de 68% qui détient un diplôme supérieur à un bac+2 années d’études universitaires.
L’Ordre des médecins fait état de l’existence de 54 168 médecins, nés hors de France, soit 26% du potentiel selon les données de l’Insee (2014). Plus de la moitié des médecins maghrébins sont originaires d’Algérie. Le nombre de médecins algériens est estimé à 10 318, dont 92% sont des salariés.
L’élément le plus important revient au lieu de formation : 27% des médecins algériens ont été formés en Algérie. Le niveau des rémunérations des compétences originaires d’Algérie varie entre moins de 500 euros à 8 000 euros et plus. 35% des personnes qui perçoivent moins de 1 500 euros, 25% entre 1 500 et 2 500 euros, puis 37% avec plus de 2 500 euros.
Labdelaoui Hocine a indiqué que les capacités de rétention des pays du Maghreb sont faibles face à la force des éléments attractifs des pays développés, évoquant l’idée de l’insertion du marché national de l’emploi dans une dynamique internationale qui a plus de chance de mobiliser les talents en entretenant un discours ciblé sur les compétences algériennes. “Tant que l’Algérie n’a pas défini une politique d’innovation bien claire, parler de l’utilisation des compétences établies à l’étranger devient plutôt un volontarisme qui ne peut avoir que des effets conjoncturels”, estime Labdelaoui Hocine.
Tout en réaffirmant, d’une manière constante, leur disponibilité à participer au développement de leur pays d’’origine, en dépit des échecs de bien de projets de retour, les compétences algériennes ont pris conscience que cette participation ne pourrait porter ses fruits si les conditions de sa réussite ne sont pas préalablement réunies.
L’Algérie a expérimenté plusieurs dispositifs pour mobiliser les compétences établies à l’étranger, qui n’ont pas donné les résultats escomptés.