Pour une fois, les Algériens ont vu toute la classe politique algérienne dépasser toutes ses divergences.
Fait rare depuis quelques décennies en Algérie. C’est une chose inhabituelle, du moins pour les jeunes générations, de voir réunies toutes les tendances politiques en un même lieu. Mais, ce jeudi au niveau du siège FFS, ils étaient tous venus présenter leurs condoléances à la famille du défunt Hocine Ait Ahmed et aux militants du FFS. Des ministres du gouvernement en activité et à la retraite, des chefs de partis dont les idées divergent et des personnalités que l’on croyait impossible à voir sur les lieux. Ils sont tous venus au siège national à Alger et beaucoup ont choisi d’être présents à l’enterrement dans son village perché sur les cimes du Djurdjura en Kabylie.
Pour une fois, les moins de 30 ans ont entendu un discours autre que celui qui décrit Ait Ahmed comme un opposant au système. Pour une fois, les Algériens ont vu toute la classe politique algérienne s’accorder sur le caractère national d’Ait Ahmed et oublier l’espace d’un moment qu’il était un opposant. Tout le mérite lui revient d’avoir réuni les enfants de l’Algérie même le jour de sa mort. Il a réalisé l’improbable consensus que les Algériens attendaient. Il est vrai aussi que le président Abdelaziz Bouteflika a cassé la barrière des atavismes politiciens en décidant des obsèques dignes de la dimension de l’homme.
Ait Ahmed, de son vivant, avait toujours milité dans le sens du consensus et du dialogue. Par cette unanimité qui a régné entre le jour de sa disparition et ce vendredi, jour de son enterrement, l’homme aura réussi à briser ce qui, par les années qui passent, s’est imposé comme une fatalité. Les déchirements politiciens qui dépriment les Algériens sans que la classe politique ne s’en rende compte. Car, en effet, les citoyens appréhendent avec désolation ce qui se passe sur la scène politique. Un désenchantement qui a engendré la fuite des Algériens de l’activité politique. Et le taux de participation en est la preuve irréfutable. Cette fois, la classe politique a transcendé ses clivages pour s’accorder sur la stature du leader politique Ait Ahmed. Tous les partis de tous les bords ont oublié leurs positions politiques respectives.
Le décès d’Ait Ahmed est l’occasion pour repenser sérieusement la pratique politique globalement déviée de son idéal, celui de servir le peuple et le pays. Sa tragique disparition peut s’avérer un véritable coup de starter pour une nouvelle façon de faire de la politique. En ce début de l’année, l’Algérie s’apprête à s’offrir une nouvelle mouture de sa Constitution.
Cette Loi fondamentale pour laquelle Hocine Ait Ahmed a toujours milité doit réunir le consensus entre tous les Algériens. Et c’est justement en méditant ce consensus de la classe politique à l’occasion de ces funérailles que l’espoir est permis de la voir dépasser ses divergences. Ait Ahmed a réussi à donner à l’Algérie l’idéal du consensus et du dépassement de soi, pour lequel il a passé toute sa vie à militer. Aujourd’hui, c’est à la classe politique de méditer et les Algériens n’attendent que ça. Repose en paix, Dda Lhocine