Histoire automobile : Les 10 voitures emblématiques de la collection Ford Heritage

Histoire automobile : Les 10 voitures emblématiques de la collection Ford Heritage

La division Ford Performance dispose aujourd’hui d’une très large gamme de véhicules haute performance, dont la Ford Mustang qui a été la sportive la plus vendue au monde en 2016.

C’est à Dagenham dans la banlieue Est de Londres que Ford décide en 1931 d’installer une usine d’assemblage de véhicules, souhaitant profiter de l’accès facile à un port sur la Tamise. Aujourd’hui le site produit pour le monde entier les moteurs diesels de la marque et c’est dans cette ambiance industrielle encore en activité que se niche le centre Ford Heritage et sa collection de véhicules historique.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il ne s’agit pas d’un musée. Ce lieu s’apparente davantage à un immense atelier mécanique où l’on rencontre une équipe de techniciens experts et passionnés, en charge de maintenir en parfait état les 116 véhicules de la collection. D’ailleurs, pour un grand nombre de ces autos emblématiques de l’histoire de Ford en Europe, il s’agit des tous premiers châssis ou, à l’inverse, des ultimes unités sorties des lignes de production à leur époque.

La gamme Ford Performance est aujourd’hui l’héritière de tous ces véhicules mythiques et sportifs. La Focus RS est l’héritière des Escort 1850 GT et Mexico, Escort Cosworth ou Focus RS de première et deuxième génération. Elle s’accompagne d’une version plus accessible, la Focus ST, tandis que la Fiesta ST s’apparente à la XR2 d’antan. La Mustang, dans sa version V8 comme dans sa version Ecoboost, est le résultat de la longue histoire des pony cars aux Etats-Unis, mais aussi de celui de la Capri en Europe. Enfin, la GT n’est autre que la descendante de la GT40, victorieuse au Mans dans sa catégorie comme sa glorieuse aînée.

Les 10 modèles emblématiques de la collection Ford Heritage

Ford GT40 1964

Cette GT40 (GT pour grand tourisme, 40 pour 40 pouces de haut) est une pierre angulaire dans l’aventure sportive de Ford. Après avoir manqué de racheter Ferrari, Henry II Ford décide d’aller défier Enzo Ferrari sur le circuit des 24h du Mans. Engagée dès 1964 dans l’épreuve mancelle, la GT40 ne s’imposera qu’en 1966 avec un triplé historique, mettant fin à l’hégémonie de Ferrari. Le modèle présent à Dagenham date de 1964, initialement préparé pour la course dans une livrée argent et noir. Elle changera de couleur tout au long de sa carrière (portant notamment les célèbres couleurs orange et bleu ciel de la marque Gulf) pour revenir en 2006 à sa livrée d’origine pour célébrer les 40 ans du triplé manceau. Allure agressive, V8 de 4.7 litres et 410 ch, elle fait partie des 126 exemplaires fabriqués pour la course ou pour la route.

Escort 1850 GT Rallye 1967

L’Escort succède à l’Anglia (jusqu’alors fabriquée à Dagenham) en 1968. Moteur à l’avant, propulsion, la voiture affiche une robustesse et une tenue de route qui lui feront gagner, dans sa version Rally, la course Londres-Mexico de 1970, longue de 25.700 km. Sur 96 engagés, seuls 23 atteindront la capitale mexicaine, dont 5 Escort 1850 GT (1ère, 3ème, 5ème, 6ème et 8ème places). L’Escort présente à Dagenham n’est pas une 1850 GT d’origine. A l’origine, il s’agissait d’une Escort 1300 construite en 1967. Elle sera entièrement reconstruite à l’identique de la FEV 1H lauréate (et présente aussi au Ford Heritage), avec son Kent de 1834 cm3 développant 140 ch. Elle participera ensuite au 25ème anniversaire du Londres-Mexico en 1993. Avec le même équipage qu’en 1970 (Hannu Mikkola et Gunnar Palm), elle remportera à nouveau l’épreuve.

Ford GT70 1970

Attention, rareté : seuls 6 exemplaires seront construits entre 1970 et 1973. Après l’arrêt du programme Le Mans et des GT40 en 1969, Ford décide de s’orienter vers le Rallye avec une GT70 (dont le chiffre ne rappelle plus sa hauteur en pouce, mais la décennie) qui devait à l’origine récupérer un V6 Cologne. La plupart seront finalement équipées d’un 4 cylindres 1.6 Cosworth. Après une série de test à Goodwood, une GT70 sera engagée au Tour de France mais les règles du rallye changèrent, et l’Escort s’avéra être un bien meilleur ambassadeur sur ce type de course. L’exemplaire présent à Dagenham est le châssis n°4. Il sera totalement restauré en 2002, recevant pour l’occasion un 2 litres Cosworth BDG.

Escort Mexico 1974

Cette Mexico de 1974 nous ramène à la 1850 GT victorieuse au Londres-Mexico. La victoire offre une magnifique occasion d’utiliser cette renommée avec une version sportive abordable, développée par la filiale de Ford, Advanced Vehicle Operation (AVO). Au total, 9847 exemplaires auront trouvé un heureux propriétaire.

Ford RS200 1986

La RS200, comme pour la GT70 en son temps, ne s’apparente, en 1986, à aucune voiture de série de la gamme Ford. Dessinée par Ghia (une filiale de Ford), dotée d’un 1.8 litres BDT Cosworth de 250 ch, développée par Tickford (filiale d’Aston Martin) et fabriquée par Reliant, elle allie la force de Ford au talent de l’artisanat automobile britannique. Un peu moins de 200 exemplaires seront fabriqués pour homologuer la voiture au Championnat du Monde des Rallye dans le fameux Groupe B. Dans sa configuration « compétition », la RS200 développait jusqu’à 450 ch. Avec un châssis spécifique, son moteur central, ses 4 roues motrices et sa carrosserie en fibre de verre, la RS200 était légère et maniable, mais n’eut pas le temps de démontrer ses capacités suite à l’arrêt du Groupe B à peine un an après son apparition.

Capri 280 Brooklands 1986

Là encore, il s’agit d’une rareté. C’est la dernière Capri sortie des chaînes à Cologne en décembre 1986. Il s’agit en outre d’une rare série spéciale, la 280 Brooklands (ce petit nom vient de sa couleur Brooklands Green), dérivée d’une Capri 2.8i et étudiée par Ford Special Engineering (FVE) à Dunton dans l’Essex. Au menu, des jantes spécifiques de 15 pouces, une teinte particulière rehaussée d’un liseré rouge, une moquette épaisse, une sellerie cuir, et un V6 2.8 litres de 160 ch : seuls 1038 exemplaires seront fabriqués dans cette livrée. Conduire cette rare version vous ramènera dans les années 70 et 80, au volant de la Mustang européenne comme on l’appelait à l’époque, et permettra de goûter à la rondeur et à la sonorité du V6 à l’ancienne.

Sierra RS Cosworth 1986

A partir d’une Ford Sierra dessinée par le français Patrick Le Quément, Ford Special Vehicle Engineering (SVE) et Cosworth vont donner naissance à un dérivé sportif diablement efficace, la RS Cosworth (RS pour Renn Sport). Produite entre 1986 et 1987, équipée d’un 2 litres Cosworth de 204ch, elle s’offrait, pour le look et la stabilité, un énorme aileron arrière lui donnant un profil unique. La Sierra RS Cosworth présente à Dagenham est une RS « classique » : pour ceux préférant un peu plus de puissance, une série limitée de 500 RS500 (d’où son nom) sera produite, avec 224 ch sous le capot avant. Au total, RS et RS500 seront produites à 5545 exemplaires. Elle se constituera un joli palmarès en Rallye (vice-championne du Monde en 1988 avec Didier Auriol), et particulièrement les championnats nationaux (4 titres en France en 87, 88, 91 et 92). De nombreux pilotes célèbres la conduiront, comme Stig Blomqvist, Ari Vatanen, Carlos Sainz ou François Delecour.

Fiesta XR2 1989

La Fiesta de deuxième génération fut lancée en 1983, et disposa rapidement d’une version sportive, la XR2, dotée d’un 4 cylindres développant 96 ch. Le modèle présent à Dagenham est un des derniers produits, puisqu’il date de 1989 : il fut légué à Ford par sa première propriétaire afin de lui procurer de bons soins tout en diminuant l’importante flotte familiale.

Focus RS 2002

Depuis 1996 et la fin de la production de l’Escort Cosworth, la gamme Ford était orpheline d’une sportive compacte dans la gamme. Présentée comme un concept en 2000 et de série en 2002, la Focus RS reprend le flambeau avec un 2 litres Duratec de 212 ch. Cette RS mkI sera produite entre 2002 et 2003 à seulement 4501 exemplaires. Elle sera élue Sportive de l’année en 2002 par le magazine Echappement. La voiture présente à Dagenham est la première RS de production construite.

Focus RS 2009

6 ans après la Focus RS mkI, Ford renoue avec le sigle RS en lançant la Focus RS mkII. Cette fois-ci, cette traction reçoit un 5 cylindres Duratec et 305 ch sur le train avant : la plus puissante traction de l’époque ! Grâce à un gros travail sur les suspensions (RevoKnucle), la voiture encaisse le couple et démontre un comportement routier exceptionnel. Côté design, la nouvelle RS s’offre encore plus de caractère que sa devancière avec des teintes exclusives et une carrosserie bodybuildée. Comme la précédente génération, elle sera élue sportive de l’année par le magazine Echappement en 2010 dans sa version RS500, une version limitée à 500 exemplaires, au moteur poussé à 350 ch avec une livrée noire mat. Cette même année, Ford France créa une série spéciale Le Mans Classic : 5 véhicules seulement, reprenant chacun les couleurs des sportives victorieuses de la marque.

Bonus : Supervan 3 1994

L’histoire du Supervan 3 remonte à 1971, lorsque le Supervan 1 apparût pour la première fois : il s’agissait d’un Transit doté d’un châssis tubulaire greffé à la structure et d’un V8 de 5 litres installé à l’arrière. En 1984, l’histoire du Supervan se prolonge avec la version 2 qui reprend un châssis de Ford C100 (une voiture de course), la carrosserie d’un Transit, et un surpuissant V8 Cosworth DFL de 590 ch, rien que cela. En 1994, c’est au tour du Supervan 3 : il ne s’agit d’un Supervan 2 retravaillé à l’avant (style et aérodynamique), et motorisé par un moteur de F1. Il récupérera par la suite un V6 Ford Cosworth Sports 3000 de 295 ch tout de même !