Cette spécialiste en droit des affaires, qui a accompagné l’installation d’un grand nombre de franchises internationales, dresse dans cet entretien un plaidoyer pour la promotion de cette activité créatrice d’un grand nombre d’emplois.
Liberté : Quelle a été l’évolution de la franchise depuis la première vague d’enseignes arrivées avec l’ouverture du centre commercial de Bab Ezzouar ?
Hind Benmiloud : Il y a lieu tout d’abord de préciser que les franchises sont arrivées en Algérie bien avant l’ouverture du centre commercial de Bab Ezzouar en août 2010, et ce n’est que par la suite que les deuxièmes boutiques se sont ouvertes au centre commercial.
Le premier axe de franchise est situé à Sidi Yahia, Saïd Hamdine.
Que répondez-vous à ceux qui disent que la franchise est une simple importation ou une simple revente en l’état ?
Cela est totalement faux de réduire la franchise à une simple importation commerciale, il s’agit de concepts de marques, certes, commerciales mais aussi de services et de production de biens.
Il y a plus d’avantages que d’inconvénients en ce que le franchisé, qui est un commerçant indépendant, est assisté et aidé dans son développement par le franchiseur dans un esprit de partenaire “gagnant-gagnant” ; il garantit tant au franchisé qu’au consommateur une qualité des produits et leur traçabilité et un service après-vente. Il aide à la formation des franchisés et de leurs employés, avec un réel transfert de savoir-faire, et aide à la mise en place d’un apprentissage de la bonne gouvernance d’une société, comme par exemple le fait pour le franchisé de transmettre tous les mois son chiffre d’affaires.
Cette transparence permet plus facilement le recours aux prêts bancaires.
Cet apprentissage permet la création d’anseignes locales et pourquoi pas algériennes ?
Comment expliquez-vous la modeste progression du nombre de franchises depuis 2010 en Algérie par rapport à la croissance plus importante du nombre d’enseignes internationales au Maroc pendant la même période ?
Il faut dire qu’au Maroc les franchises ont été introduites cela fait plus de 20 ans dans une économie déjà libérale, et aujourd’hui il y a beaucoup de franchises marocaines qui ont beaucoup de succès au Maroc, telle Marwa (textiles) ou Masmoudi (patisseries tunisiennes) et bien d’autres.
Pensez-vous que les franchises commerciales vont se muer en franchises industrielles en Algérie ?
Je l’espère de tout cœur car c’est dans l’industrie toute catégorie confondue que la franchise a un rôle à jouer, en permettant la création beaucoup plus rapide d’industries diverses que les industries classiques, qui nécessitent beaucoup plus de temps et d’argent.
Le support du franchiseur est important car il garantit la réussite d’un projet.
Et enfin, il ne faut pas oublier que le secteur de la franchise, en plus d’être créateur d’emplois, est le seul secteur économique dans le monde (Europe et États-Unis ) à ne pas connaître de crise. Il ne faut pas que la franchise soit considérée comme une simple revente en l’état mais comme un modèle de développement créateur de richesses de par sa réelle valeur ajoutée, tant au plan économique que social.
Et nous aurons tout à gagner en qualité, en sécurité des produits et de traçabilité des flux financiers mais aussi avec la création de nos propres franchises, à terme.