Hillary Clinton renoue avec Moscou à Genève

Hillary Clinton renoue avec Moscou à Genève

La secrétaire d’État américaine a eu vendredi soir sa première rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov.

Ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire des relations entre la Russie et les États-Unis. Si les résultats du premier rendez-vous bilatéral entre Hillary Clinton et Sergueï Lavrov sont limités, les ambitions affichées, elles, ne le furent pas. Avant leur rencontre, vendredi soir à Genève, la nouvelle secrétaire d’État américaine avait fait parvenir une lettre à son homologue russe lui exprimant son souhait de « reprogrammer» les liens avec Moscou, après les tensions qui ont prévalu sous l’Administration Bush. Symboliquement, Hillary Clinton a d’ailleurs apporté avec elle vendredi soir un gros bouton rouge «redémarrage». La matière, au menu de leur dîner à Genève, ne manquait pas, de l’Iran à l’Afghanistan, en passant par la Géorgie, le désarmement ou le bouclier antimissile. Washington et Moscou se sont dits prêts à se mettre très rapidement au travail.

La détente s’est amorcée jeudi, avec la reprise du dialogue formel entre la Russie et l’Otan gelé l’été dernier après l’opération militaire russe en Géorgie. Toutefois, quelques heures avant le rendez-vous, Hillary Clinton n’a pas caché que des désaccords subsisteraient. L’heure n’en est pas moins au réalisme. Comme son prédécesseur, Barack Obama a besoin du soutien de la Russie sur les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen.

Relancer le désarmement

Déterminés à augmenter leur effort militaire en Afghanistan, les États-Unis veulent aussi pouvoir convoyer du matériel vers Kaboul via la Russie, une nécessité d’autant plus grande que le Kirghizistan vient de décider la fermeture de la base américaine hébergée sur son sol, ainsi que des autres facilités que Bichkek accordait aux pays de l’Otan. Moscou est réceptif à une coopération sur l’Afghanistan, les experts russes craignant que l’islamisme des talibans se propage dans les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.

Pour rétablir la confiance avec Moscou, l’Administration Obama cherche aussi à relancer les négociations sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire, des sujets «qui seront au cœur de notre politique étrangère», a rappelé hier Hillary Clinton. Washington veut ainsi remettre sur les rails les pourparlers sur le renouvellement du traité de réduction des armes stratégiques (Start-1), qui expire fin 2009. Les perspectives sont plutôt propices, le Kremlin étant demandeur d’avancées dans ce domaine. «Nous ferons tout pour conclure ce traité», a confirmé, hier, le ministre russe avant d’ajouter : «Je pense que nous pouvons arriver à un accord sur les armes offensives et les systèmes antimissiles.»

Ce bouclier antimissile, que Washington souhaite installer en Pologne et en République tchèque, est une sérieuse pierre d’achoppement. Sans y renoncer a priori, l’Administration Obama entend remettre «sur une piste sérieuse» le dialogue avec la Russie sur ce projet en lui faisant valoir qu’il n’est pas dirigé contre elle mais contre la menace d’«États voyous» comme l’Iran.

Même si le nouveau chef de la Maison-Blanche a démenti tout deal formel, Washington a offert à Moscou de ralentir le déploiement de ce bouclier antimissile en échange d’une aide accrue de la Russie pour amener Téhéran à renoncer à l’enrichissement d’uranium.

La Russie a toutefois indiqué qu’elle n’entendait pas faire le lien entre le bouclier antimissile et le nucléaire iranien. Les États-Unis pressent néanmoins la Russie de renoncer à «vendre des missiles sol-air perfectionnés à l’Iran», en invoquant que cette perspective «constitue une menace pour la Russie aussi bien que pour l’Europe». «Nous prenons pleinement en compte les préoccupations exprimées par nos partenaires américains», a expliqué hier Sergueï Lavrov. Un argument que Barack Obama ne manquera pas de faire valoir lorsqu’il rencontrera son homologue russe Dmitri Medvedev, le 2 avril, dans le cadre du G20 à Londres.