La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a achevé vendredi au Cap-Vert une tournée dans sept pays d’Afrique où elle a porté un même message: les Africains se doivent d’abord d’assumer leurs problèmes.
« Je quitte l’Afrique encore plus stimulée par ce qui nous attend. L’administration Obama, tant dans le discours de la présidence qu’au cours de ma visite, a délivré un message d’amour qui exclut la permissivité » a assuré Mme Clinton, vendredi à Sal, l’une des îles de l’archipel Cap-Vert.
« Nous n’édulcorons pas les problèmes, nous ne reculons pas devant eux, notre préoccupation est d’aider à canaliser les espoirs et aspirations des populations de l’Afrique, dans une voie qui change la direction de leurs pays » a-t-elle insisté, à côté du Premier ministre cap-verdien Jose Maria Neves.
Au cours de son voyage de onze jours – le plus long depuis sa prise de fonction, en janvier, comme chef de la diplomatie américaine – Mme Clinton s’est arrêtée dans une clinique rurale de lutte contre le sida en Afrique du Sud ou dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en guerre.
A chaque étape, Mme Clinton a suggéré que les Africains prennent le destin de leur continent en mains et que les Etats-Unis, même s’ils étaient prêts à travailler avec eux, ne disposaient d’aucune « baguette magique » contre leurs problèmes endémiques.
Elle relayait ainsi le message diffusé le mois dernier au Ghana par le président Barack Obama, premier chef d’Etat afro-américain.
Pour Tom Wheeler, chercheur à l’Institut sud-africain des Affaires internationales, la nouvelle administration américaine a imprimé « un changement de style et de substance » à ses relations avec l’Afrique.
« Les Africains attendaient toujours des pays à l’extérieur du continent qu’ils puissent résoudre leurs problèmes, tout en supportant mal cela – la dépendance à l’aide », a-t-il relevé.
Six ans après la fin de leur guerre civile, Mme Clinton a appelé les parlementaires libériens à l’unité. Auparavant, au Nigeria, elle avait averti le gouvernement que la corruption menaçait sa légitimité.
L’émissaire américaine n’a pas rencontré de franche hostilité de la part des populations durant sa tournée et a même été chaleureusement saluée, au Liberia, par des centaines de femmes l’appelant « notre dame de fer ».
Mais le Premier ministre kényan Raila Odinga s’est irrité de la tendance américaine à « donner des leçons ». Et en RDC, des étudiants ont évoqué devant elle le passé d’exploitation de l’Afrique par les Occidentaux.
La secrétaire d’Etat s’était armée d’exemples qu’elle a utilisés tout au long de son voyage, présentant notamment l’Inde comme la preuve que la démocratie « marche » dans des pays en voie de développement.
A la différence de beaucoup de visiteurs occidentaux, elle est venue sans promesses de financement majeures, bien qu’elle ait annoncé une hausse des fonds pour la lutte contre le sida en Angola ou contre les viols en RDC.
Selon des sources officielles, l’administration Obama prévoit un plan de 20 milliards de dollars du groupe des huit nations les plus riches pour dynamiser l’agriculture en Afrique et faire en sorte que les Africains eux-mêmes s’attaquent à la malnutrition.
« Je crois que ces messages durs, s’ils sont suivis de politiques cohérentes, récolteront des applaudissements dans la majeure partie de l’Afrique », a estimé Stéphane Morrison, un spécialiste de l’Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington.