Les services de renseignement se digitalisent !

Les services de renseignement se digitalisent !

Si la plupart des publications des chercheurs affectés aux laboratoires du traitement politico-stratégique de l’information ont conclu que la guerre froide a été majoritairement marquée par la dominance des axes diplomatiques et militaires dans l’analyse multidimensionnelle de l’URSS par les services secrets occidentaux, le secteur des renseignements subit, aujourd’hui, à son tour, les effets de la grande influence des technologies digitales fixes et mobiles.

Le programme PRISM en est la preuve. Développé par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), il permet de casser des codes informatiques protégeant des secrets bancaires, médicaux, des informations gouvernementales ou du monde des affaires et « aspirer » par la suite toute la masse des métadonnées qui sera analysée par des « systèmes experts » réalisés sous forme de logiciels, pour être utilisée selon le domaine d’usage.

Prenons le domaine militaire comme exemple, où le choix des cibles frappées par les drones se base beaucoup plus sur l’analyse des données téléphoniques celles des réseaux sociaux, que sur les renseignements fournis par les agents sur le terrain qui seront, d’ailleurs, appelé dans le futur à exécuter des instructions qui émanent d’un logiciel et non d’un officier supérieur.

Nous pouvons donc affirmer que PRISM est le prénom de l’enfant né du mariage entre le numérique et les services secrets américains. Ce mariage poussera ainsi la communauté internationale du renseignement à opter pour une réforme révolutionnaire des méthodes de travail. Même les effectifs doivent désormais inclure les générations du numérique. Dans un monde où le taux de la connectivité des populations augmente de jour en jour, aucun métier ne demeurera hermétique à la technologie du numérique, même (et surtout) celui de l’agent du renseignement. Plusieurs services des renseignements activant ont compris le jeu des américains.

Ils ne veulent plus rester accrochés au modèle traditionnel du renseignement stratégique qui se base strictement sur la collecte humaine des informations. Ces services se sont lancés dans l’innovation numérique en ouvrant des centres d’expertise essentiellement tournés vers l’étude des liens stratégiques des technologies du numérique avec celles du traitement d’image, de la géo-intelligence spatiale, de l’écoute de la parole téléphonique et de l’électromagnétisme.