Kwarat.com, un site collaboratif pour faciliter l’administration aux Algériens

Kwarat.com, un site collaboratif pour faciliter l’administration aux Algériens

n-YACINE-TERKI-large570.jpgImpossible de ne pas le croiser sur les réseaux sociaux. Depuis une semaine, le site kwarat.com qui répertorie les formulaires et listes de documents administratifs se tweete et se partage à vitesse grand V. Un succès non programmé qui a pris de court ses fondateurs comme le raconte à Liberté Yacine Terki, l’un des quatre initiateurs du projet.

C’est un rêve caressé par tous les Algériens : obtenir en un clic le formulaire ou la liste des documents à fournir pour son dossier de visa, CNAS, AADL, etc. Fini les déplacements à répétition pour obtenir les informations, terminé les journées perdues pour finaliser ledit dossier. Alors, forcément, quand un site propose de tels services avec pour slogan « Et l’administration devient plus simple », le succès est immédiat. « Nous envisagions de faire le lancement à la rentrée de septembre mais des internautes ont déniché le site, s’en sont emparés et l’ont partagé sur les réseaux sociaux », explique à Liberté Yacine Terki, l’un des quatre fondateurs du projet kwarat.com.

En une semaine, le site passe d’une centaine de visiteurs par jours à 3000 visites quotidiennes. Cette viralité inattendue a de quoi réjouir ces amis algériens, âgés entre 26 et 34 ans. L’objectif était « de croiser l’intérêt des utilisateurs », déclare Yacine Terki mais « l’histoire a été plus vite que nous », s’exclame-t-il enthousiaste. Car, le site sommeillait sur la Toile depuis deux ans. « Il était en ligne mais difficile à trouver car il n’était pas encore référencé », relate cet ingénieur qui a fait ses armes dans le conseil en ressources humaines entre la France et l’Algérie avant de lancer sa start-up dans les TIC, dans le domaine des « big data » (traitement d’importantes données), en particulier. Mais kwarat.com est avant tout une initiative citoyenne à vocation sociale, souligne ce jeune entrepreneur. « Le but premier du projet est de simplifier la vie des Algériens ».

400 documents collectés

En cela, les initiateurs de kwarat.com, dont l’idée a germé en 2013, s’inspirent des recommandations du think tank « Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées » (Nabni) qui, en 2012, émettaient « 100 mesures visant à entamer la mue de l’Algérie vers le meilleur ». « Nous avons pris les propositions de Nabni au mot et avons réfléchi à un exemple concret qui permettait de simplifier la vie des Algériens », retrace Yacine Terki. « Sachant le cauchemar qu’est l’administration en Algérie, c’est sur elle que nous avons jeté notre dévolu ».

L’optimisme des réactions au projet aidant, les quatre compères se mettent au travail à la fin de l’année 2013. « Nous avons commencé par analyser les besoins en cherchant notamment les requêtes les plus demandées sur les moteurs de recherche » décrit le co-fondateur de kwarat.com.

Une fois les documents identifiés, nous avons monté une petite équipe d’étudiants qui ont travaillé pendant plusieurs mois à la collecte physique des documents. « Pour l’instant, kwarat.com rassemble près de 400 documents à usage des internautes mais l’idée est que cette base de données s’enrichissent grâce à la participation des utilisateurs », explique Yacine Terki.

Site simple et collaboratif

Car telle est la clé du succès et de la pérennité, répète son co-fondateur : Il faut que les internautes s’emparent de kwarat.com afin qu’il devienne un site de référence en matière d’administration. « Pour consulter ou partager un document administratif, le réflexe, dorénavant, doit être de se rendre sur kwarat.com », projette Yacine Terki en mettant en avant « l’utilisation simple et surtout collaborative » de l’outil développé par leur jeune équipe. En un ou deux clics, les utilisateurs accèdent ainsi au document recherché grâce à une arborescence minimaliste organisée en quatre rubriques « formulaires, dossiers, documents types, proposer », à un moteur de recherche permettant une requête directe et à un espace très visuel de nuages de mots. Mais au-delà de « se servir », les utilisateurs devront aussi « s’investir », insiste Yacine Terki en relevant l’importance de la catégorie « proposer ».

« Chaque utilisateur a la possibilité de soumettre un document en se créant un compte utilisateur », détaille-t-il. Mais le site ne se limite pas à des contributions individuelles, « les entreprises, comme les banques, les assurances, etc. peuvent aussi mettre en ligne leurs dossiers ».

Entièrement développé par ses initiateurs et notamment Khireddine Touaibia, le spécialiste informatique de l’équipe, kwarat.com est la création originale des quatre amis. « Ce projet nous a surtout coûté beaucoup de temps, les efforts financiers se limitant à la récolte des informations » précise Yacine Terki. Et si pour l’instant, les retours sont très encourageants, « tout le monde considère que ça rend service » rapporte le co-fondateur, il va falloir que les Algériens remplissent la base pour que kwarat.com poursuive son chemin sur la Toile.

Une application mobile à venir

Car les quatre collègues ne manquent pas d’idées pour faire grandir leur projet. « Nous allons d’abord enrichir le contenu des documents types, puis travailler à améliorer l’application mobile et, enfin, réfléchir à la mise en place d’un espace forum où les utilisateurs pourraient échanger expériences et conseils », énumère Yacine Terki.

Déjà disponible en version responsive, l’application mobile sera améliorée pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs nombreux à utiliser leurs téléphones portables pour se connecter sur le site, poursuit l’entrepreneur aux milles idées.

Succès pressant, la page Facebook de kwarat.com, créée il y a deux ans, va aussi être réanimée. « On va commencer à l’animer en expliquant la démarche, en partageant des vidéos et des informations autour de tout ce qui touche à la complexité administrative », déclare Yacine Terki.

Enfin, une version arabophone pourrait être lancée « en fonction de la demande ». Car la vie ou la mort du projet se trouve entre les mains des utilisateurs conclut, direct, le co-fondateur. C’est le moment d’être acteur des changements du pays, interpelle-t-il, en donnant rendez-vous fin 2017 pour le bilan. Espérons, avec lui, que son appel aura été entendu.