La révolution égyptienne dans sa 9e journée a commencé à tourner au vinaigre, en ce sens où des accrochages ont eu lieu l’après-midi d’hier entre les partisans du rais et les anti-Moubarak.
Malgré ces heurts, les anti-Moubarak ont décidé de camper sur leur position, affirmant qu’ils ne quitteraient pas la place Tahrir du Caire tant que le président Hosni Moubarak reste au pouvoir.
Ainsi, des milliers de manifestants égyptiens, aussi déterminés sinon plus que la veille, ont entamé durant la journée d’hier le 9e round de leur soulèvement pour forcer le président Hosni Moubarak et son régime à quitter le pouvoir, affichant par la même occasion leur refus du discours de Moubarak.
Des blessés déplorés
D’ailleurs, aussitôt après le discours prononcé, des milliers de manifestants réunis dans le centre du Caire ont une nouvelle fois crié au départ immédiat de leur président. Malgré le couvre- feu, des centaines de milliers manifestants sont restés à la place de la Libération au Caire, au même titre que d’autres dans les différentes régions d’Egypte. Tous campent sur leur position : le départ immédiat de Moubarak et la chute du régime en place.
Non loin, des groupes pro Moubarak ont fait leur apparition et organisé la riposte dans les rues du Caire, faisant l’éloge du président égyptien. De violents accrochages, au cours desquels des dizaines de personnes ont été blessées, ont eu lieu entre des milliers de partisans de Hosni Moubarak et ceux réclamant son départ, sans que l’armée présente sur place n’intervienne.
A ce sujet, il est rapporté que des partisans du président égyptien ont chargé des manifestants anti-Moubarak dans le centre du Caire à cheval et à dos de chameau, avant d’être encerclés et désarçonnés. Au moins six personnes ont été jetées à bas de leur monture, frappées à coups de bâtons et traînées au sol, alors que leur visage était en sang. A ce propos, trois mouvements de la coalition anti-Moubarak ont affirmé que des policiers en civil étaient entrés en force place Tahrir, au Caire, où des heurts ont éclaté entre des partisans du président Hosni Moubarak et des manifestants qui réclament son départ.
L’opposition appelle à une grande manifestation ce vendredi
L’opposition, pour sa part insatisfaite, a appelé à la continuation des manifestations sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, et a maintenu sa grande manifestation de vendredi prochain pour contraindre Moubarak à quitter dans l’immédiat son poste de président. Une opposition qui persiste à refuser le dialogue avec l’Etat si ce n’est qu’avec le vice-président, Omar Souleiman.L’opposant Mohamed El Baradei accuse le gouvernement Hosni Moubarak de recourir à «la tactique de la peur» après les heurts survenus au Caire entre des pro et anti-Moubarak. «J’ai peur que cela tourne au bain de sang», a-t-il précisé, qualifiant de «bande de voyous» les manifestants pro-Moubarak.
De leur côté, les Frères musulmans, principale force d’opposition, refusent que le président Hosni Moubarak reste à la tête de l’Etat jusqu’à la fin de son mandat en septembre, soutenant que «le peuple refuse toutes les mesures partielles proposées hier par la tête du régime (Moubarak), et n’accepte pas d’alternative au départ». Par ailleurs, à la mi-journée, le Parlement égyptien a suspendu ses séances jusqu’à la révision des résultats des dernières législatives, marquées par des accusations de fraude et de violences, a annoncé hier l’agence de presse officielle Mena.
Couvre-feu allégé et Internet partiellement rétabli
Quant aux forces armées, elles ont demandé aux manifestants de mettre fin à leurs actions, rassurant ces derniers que leur message avait été entendu et qu’il fallait désormais penser à l’avenir du pays et faciliter le retour au calme.
A noter que le couvre-feu décrété depuis vendredi au Caire suite à de violentes émeutes antigouvernementales, à Alexandrie et à Suez, sur décision de Hosni Moubarak, a été allégé depuis hier. De ce fait, il a été établi de 17h00 locales au lieu de 15h00, et prendra fin à 07h00 contre 08h00. Par ailleurs, les communications ont été également partiellement rétablies, notamment avec le retour de l’accès à l’Internet après plus de cinq jours de coupure.
L’Egypte refuse les appels de la communauté internationale
Au moment où la communauté internationale multiplie ses appels au président égyptien Hosni Moubarak à agir le plus vite possible pour réaliser la «transition» politique et répondre à la volonté des manifestants qui exigent son départ, l’Egypte refuse ces appels déclarant hier dans un communiqué par la voix du porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Hossam Zaki, que «ce que di-sent des parties étrangères sur une période de transition commençant immédiatement en Egypte est refusé». Il estimera que ces appels «visent à enflammer la situation intérieure en Egypte».
Par Lynda N. Bourerab