Hépatites B et C, La hidjama, facteur de risque

Hépatites B et C, La hidjama, facteur de risque

Cette pratique «moyenâgeuse», selon les termes du président de l’ordre des médecins, et assez répandue notamment dans certaines régions, peut avoir de graves conséquences sur la santé. Déjà, elle est pointée du doigt par les spécialistes comme étant un facteur de risque important dans certaines maladies telles que les hépatites B et C et même le sida.

La pratique de la hidjama fait encore parler d’elle. Et ce n’est pas pour ses soi-disant bienfaits sur la santé.

«On a constaté qu’il y a une augmentation flagrante des cas d’hépatite B et C dus pour la plupart à des pratiques traditionnelles», indiquait cette semaine à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le président de l’association nationale SOS hépatites, Hamid Boualeg. Une association qui, cette fois, tire la sonnette d’alarme quant à l’augmentation des cas d’hépatite sur le territoire national. En cause : la saignée ou phlébotomie, aussi appelée hidjama qui consiste en une évacuation de sang pratiquée sur un malade.

Une pratique «moyenâgeuse» comme la qualifie le docteur Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre national des médecins. Pour lui «la prévention ainsi que les actions de sensibilisation et d’information permettraient de lutter efficacement contre l’hépatite», ajoutant que «si vous avez une prédominance de cas dans certaines régions, il faut augmenter l’information vis-à-vis des populations qui y habitent». Les campagnes de prévention ne suffisent pas selon lui.

Il faut augmenter les actions préventives qui se doivent d’être entreprises de façon pérenne. «Il faut que les populations et les citoyens puissent savoir à quoi ils s’exposent, dans la mesure où eux-mêmes doivent exiger des mesures d’hygiène ou alors éviter d’avoir recours à ces méthodes moyenâgeuses et ancestrales que sont les manipulations de sang à travers la hidjama qui ne leur apporte sérieusement aucun confort, si ce n’est hypothèquer leur vie», indique-t-il.

Pour la seule année 2013, et rien que pour la wilaya d’El-Oued, l’association SOS hépatites fait état de pas moins de 200 cas d’hépatites B et C dus à cette pratique.

La loi interdit pourtant ce genre de pratique. D’autant qu’ils sont nombreux les spécialistes à la considérer comme illusoire. Pire «elle expose l’individu à un danger certain», affirme le docteur Bekkat Berkani.

Outre l’hépatite B et C, c’est à un risque beaucoup plus dramatique que la Fondation nationale pour la recherche médicale (Forem) faisait référence dans une étude. Ainsi, relève la Forem dans son étude, l’absence de conditions d’hygiène, la défaillance de la désinfection du matériel utilisé pour sa pratique, l’exercice aléatoire de ce traitement médical par des «charlatans»dépourvus d’une véritable formation médicale ou une quelconque expérience, fait prendre à plus de 70 % des adeptes de la saignée en Algérie le risque de contracter le sida.

L.S