Hend Sadi, lors d’une conférence hier à Alger : «Le débat sur la transcription de tamazight est faux»

Hend Sadi, lors d’une conférence hier à Alger : «Le débat sur la transcription de tamazight est faux»

Hand Sadi baisse un peu, pour ne pas dire beaucoup, de l’enthousiasme affiché par certains quant à l’officialisation de tamazight.

M. Kebci – Alger (Le Soir) – L’éminent professeur et linguiste qui animait, hier samedi, une conférence au siège du bureau régional du RCD à Alger, s’est interrogé sur les mobiles ou les arrière-pensées de cette officialisation nullement attendue. Du fait, expliquait-il, que le pouvoir «n’était sous aucune pression», lui qui «n’avait concédé à introduire le mot tamazight dans le préambule de la Constitution qu’au bout d’une année de boycott scolaire et n’avait concédé le statut de langue nationale à tamazight qu’au bout d’un bain de sang en 2001, en Kabylie».

Et d’expliquer cette officialisation soudaine par le fait que l’arabisation engagée à outrance au lendemain du recouvrement par le pays de son indépendance nationale était «arrivée à son terme» et «qu’il n’y avait plus rien à arabiser».

Pour le conférencier, cette officialisation est une simple concession formelle en voulant pour preuve le «faux débat autour de la transcription de tamazight. C’est le même pouvoir, c’est la même idéologie qui a réprimé hier toute revendication identitaire», soutiendra-t-il, invitant le pouvoir «à faire preuve de sa bonne foi en mettant les mêmes moyens mis pour l’arabisation».

Affirmant «ne rien attendre de ce pouvoir», Hand Sadi dira toutefois «ne pas désespérer», préconisant une démarche qui «mettra le pouvoir face à ses contradictions». Comment ? Il faudra, selon le conférencier, «créer des situations de conflits institutionnels en poussant l’Etat à utiliser la langue du citoyen et pas l’inverse».

Hand Sadi tiendra à rappeler que tamazight était langue officielle en 138 avant l’ère chrétienne, transcrite qu’elle était par Micipsa sur le tombeau de son père.

Et de démentir formellement l’amalgame sciemment entretenu selon lequel la colonisation française avait favorisé la langue tamazight. «Si le premier cours en tamazight était dispensé en 1880, celui d’arabe l’était dès 1833», déclarera Sadi, qui rendra un hommage appuyé à feu Mouloud Mammeri qui avait changé d’optique en traitant, désormais, tamazight en tant que langue d’enseignement et pas de tamazight à enseigner.

M. K.