Que représente le 8 mars pour une femme sans domicile fixe ? «C’est juste une date comme les autres et rien de plus», nous répond Hayet, trentenaire, qui passe ses nuits à la belle étoile depuis deux années maintenant. Nous l’avons rencontrée dans la nuit de dimanche au jardin public faisant face à la Grande-Poste.
Elle persiste à dire que le 8 mars n’a point de signification à ses yeux, insistant sur le fait que «le plus important pour moi, c’est d’assurer de quoi manger et de pouvoir passer mes nuits sans être agressée», dira t-elle.
Hayet croit savoir tout de même que l’histoire de la célébration de la Journée internationale de la femme trouve ses origines dans le continent européen et par la suite «les pays arabes l’ont adoptée sans accorder tous ses droits à la femme», déplore-t-elle. Hayet qui est d’origine oranaise nous informe qu’elle est une personne cultivée.
Elle en veut, pour preuve, le fait d’avoir obtenu son baccalauréat il y a de cela une dizaine d’années. Elle raconte qu’elle a été chassée du domicile familial après une liaison avec un homme marié qui a mal tourné. «J’ai connu un homme de ma région, mais ma famille ne voulait pas de cette relation. Malgré cette interdiction, je refusais de le quitter.
J’étais prête à tout risquer pour lui», avoue-t-elle d’une voix tremblante. «Après quelques jours, l’homme que j’ai tellement voulu garder à mes côtés a disparu sans plus jamais donner signe de vie. Aujourd’hui, je n’ai que la rue qui m’a grand ouvert ses tentacules», conclut-elle avec regret.
K. Aoudia