Hier, Tripoli était plutôt calme après cette nouvelle victoire des rebelles libyens qui se sont emparés du principal poste-frontière avec la Tunisie.
Dans le même temps, leur progression vers l’ouest se concrétise à pas assurés, des combats ponctuels ont eu lieu sur le front Est et à Tripoli, et les appels internationaux à la réconciliation et au renoncement à toute vengeance se sont multipliés, aussi bien du côté de l’Union européenne, des Nations unies que de l’Union africaine.
L’intervention de la France en Libye est un «investissement sur l’avenir», a estimé avant-hier le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans un entretien au quotidien français Aujourd’hui. Ainsi, le chef de la diplomatie français soutiendra que le 1 milliard de dollars, coût français de l’opération militaire en Libye, est «un investissement sur l’avenir». Selon lui, «les ressources du pays ont été confisquées par Kaddafi qui a accumulé les stocks d’or». «Cet argent doit servir au développement de la Libye.
Une Libye prospère sera un facteur d’équilibre pour la région», a affirmé Alain Juppé. «Il n’y a pas une course à qui arrivera le premier en Libye», a assuré avant-hier le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, dans un entretien à la radio publique Rai. Le chef de la diplomatie italienne affirme que l’Italie et la France ne sont pas engagées dans une bataille «de type colonial» pour s’emparer des richesses de la Libye. Pourtant, les commentaires dans les milieux économiques occidentaux particulièrement, et les articles de presse sur ce sujet, notamment italienne, relatent de la concurrence certaine entre les deux pays pour décrocher les meilleurs contrats dans la Libye post-Kaddafi, alors que les deux pays enchaînent décisions, conférences et déclarations sur l’avenir de la Libye.

Quant à la capitale britannique, elle a débloqué une aide de 3,4 millions d’euros pour la Libye. Elle sera utilisée pour fournir une aide médicale à
5 000 blessés et nourrir près de 700 000 personnes, a annoncé hier le ministère britannique de l’Aide au développement.
Les rebelles contrôlent l’aéroport de Tripoli
Sur le terrain, les forces rebelles continuent leur progression vers l’ouest, annonçant hier matin avoir pris le faubourg de Qasr ben Ghachir, près de l’aéroport de Tripoli, assurant dans la foulée que la capitale ne comptait plus de forces encore fidèles au colonel Maâmmar Kaddafi. A ce sujet, ils ont assuré contrôler «entièrement» l’aéroport international de Tripoli. Soulignant toutefois que des poches de résistance subsistent encore aux alentours. Par ailleurs, après une nuit de combats, les habitants de Qasr ben Ghachir à 20 km au sud de Tripoli, ont célébré la libération de leur quartier en tirant des coups de feu en l’air et en piétinant des portraits du raïs déchu, qui est toujours introuvable.
Omar el-Ghouzaïl, l’un des chefs militaires de la rébellion, a par ailleurs affirmé que ses hommes avaient «totalement» chassé les forces pro-Kaddafi hors de la capitale. De plus, les insurgés ont chassé avant-hier soir les forces loyalistes libyennes du poste de Ras Djir, à la frontière libyo-tunisienne, où les couleurs de la «Libye libre» (rouge, vert, noir) ont été hissées, ont rapporté deux témoins cités par des agences. La bataille de Ras Djir, stratégique pour l’acheminement du ravitaillement de la Libye à partir du territoire tunisien, durait depuis le début de la journée. Pour sa part, l’Otan affirme maintenir la pression sur les forces du colonel Kaddafi. L’Organisation a annoncé qu’elle avait bombardé 15 véhicules et 4 autres cibles au sol, au cours des dernières 24 heures à Syrte, ville natale du dirigeant libyen.
L’UA ne reconnaît pas le CNT libyen
L’Union africaine (UA) a fait savoir qu’elle ne reconnaîtra pas le Conseil national de transition libyen (CNT), branche politique de la rébellion libyenne, mais qu’elle encourageait toutes les parties intéressées en Libye à accélérer le processus de la formation d’un gouvernement de transition inclusif.
Lomé reconnaît le CNT
Le Togo a annoncé samedi qu’il reconnaissait le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion libyenne, comme seul pouvoir légitime en Libye. «Le gouvernement togolais (…) décide de reconnaître le Conseil national de transition comme seul représentant légitime du peuple et des intérêts de la Libye», ont annoncé les autorités de Lomé dans une déclaration lue à la télévision. Une dizaine de pays africains ont déjà reconnu le CNT, mais l’Union africaine réunie en mini-sommet à Addis Abeba a refusé vendredi de reconnaître sa légitimité, appelant à la place à la constitution d’un «gouvernement de transition incluant toutes les parties».
Ainsi que la Malaisie
La Malaisie reconnaît le Conseil national de transition (CNT, l’organe politique de la rébellion libyenne), a annoncé le ministre des Affaires étrangères Anifah Aman dans un communiqué publié avant-hier soir. A ce sujet, ce dernier dira : «Nous avons bon espoir que le Conseil national de transition (…) gouvernera l’administration intérimaire vers l’unité nationale, la réconciliation et la reconstruction qui apportera une paix et la stabilité à la Libye et à son peuple» . Le Niger reconnaît «formellement le CNT comme la seule et unique autorité représentative du peuple libyen», a indiqué un communiqué officiel lu hier à la radio nationale nigérienne. Par ailleurs, Plusieurs installations médicales de Tripoli «manquent cruellement de fournitures et d’équipements médicaux essentiels» alors que les hôpitaux de la capitale libyenne voient affluer un nombre croissant de graves cas de traumatisme. C’est là un constat fait jeudi dernier par Médecins sans frontières (MSF).
Benghazi : arrivée d’un bateau d’évacuation
Le premier bateau destiné à évacuer les étrangers de Tripoli est arrivé hier à Benghazi avec à son bord 263 personnes, en majorité des Egyptiens et des Algériens qui fuyaient la capitale libyenne.
Par Lynda N. Bourebrab