Décidément, le statu quo est assuré dans le secteur de la Santé. Alors que les syndicats des différentes corporations enchaînent des actions de protestation, les autorités sanitaires du pays tardent à déployer des moyens pour résoudre toutes les problématiques soulevées dans le secteur.
Les professionnels de la santé publique sont unanimes à dire que la situation n’a pas changé d’un iota depuis le changement opéré à la tête du ministère au titre du dernier remaniement gouvernemental.
Les couloirs des hôpitaux ne désemplissent pas de malades, mais la qualité des soins laisse à désirer. Pas besoin d’aller chercher bien loin pour en faire le constat. Au CHU Mustapha-Bacha, le mammographe indispensable dans un service comme le CPMC (Centre-Pierre et Marie Curie), spécialisé dans la lutte contre le cancer est, depuis plus de deux semaines, hors d’usage.
Tous les matins, les patientes, dont certaines attendent depuis une année, viennent aux nouvelles, en vain. Il n’est guère étonnant de savoir que 3 000 Algériennes meurent chaque année du cancer du sein, sachant que le CPMC est censé couvrir les besoins de plusieurs milliers de malades à travers le territoire national.
Il y a aussi, selon le personnel paramédical qui observe une grève de 3 jours depuis le 24 décembre dernier, un manque flagrant d’anesthésie et de fils de suture et pourtant des patients devant se faire opérer attendent depuis des mois, pour ne pas dire des années.
Il faut souligner que le manque de produits nécessaires à la pratique de l’opération chirurgicale a été signalé par les médecins.
Pour ne pas innocenter tous les professionnels de la santé, il y a aussi le laxisme de certains, dénoncé par les malades et leurs familles qui se heurtent à des difficultés, notamment au niveau du service des urgences.
L’inadéquation de la plupart des structures sanitaires algériennes et les mauvaises prestations qui y sont assurées, qualifient certains services de «mouroirs». A dire vrai, celles-ci fonctionnent grâce à la bonne volonté et l’ambition de bien faire de certains professionnels de la santé.
Il faut reconnaître que la tendance du moment est à la démonstration de force et aux menaces dans le secteur de Abdelaziz Ziari, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), après avoir mené une journée de protestation le 18 décembre, attend de la réunion proposée pour cette semaine par les représentants du ministère une issue. La formation syndicale représentant les paramédicaux, quant à elle, convoquera son conseil national vers la mi-janvier pour décider de la suite à donner à leur mouvement qui prend fin aujourd’hui.
Pendant ce temps, le disfonctionnement prend du terrain dans les hôpitaux et les négligences humaines continent tranquillement, et même sereinement à causer tout bêtement la mort de centaines, voire de milliers de malades.
Rebiha Akriche