Le rapport de la Cour des comptes, qui lève une partie du voile sur la gestion opaque de l’argent public en Algérie, n’a suscité aucune réaction du gouvernement, ni de la justice, dans un contexte marqué par la multiplication des scandales de corruption.
Les chemins menant vers les détournements de l’argent des plans de relance sont multiples. En Algérie, cet argent est souvent distribué à des connaissances, à l’affût du moindre dinar d’aide publique.
Une autre part de ces deniers de l’État alimente des circuits mafieux qui financent essentiellement le commerce extérieur. Vous disposez d’un réseau relationnel de haut niveau.
Vous côtoyez la fine fleur de la nomenklatura et des personnalités politiques parmi les plus influentes, mais vous n’avez ni entreprise, ni projet et aucune compétence particulière ; vous pourrez bénéficier d’une enveloppe financière. Vous n’avez surtout pas envie de vous embarrasser avec une entreprise, la gestion de son personnel pour des résultats financiers souvent mitigés.
Pourtant vous aimeriez bien, vous aussi, profiter de la manne financière de plusieurs dizaines de milliards de DA des plans de relance et autres fonds publics à portée de réseau ! En Algérie, cette méthode est souvent utilisée par de hauts responsables de l’Etat pour détourner intelligemment cet argent.
La Cour des comptes a fait état dans son dernier rapport annuel, de multiples cas d’espèce. Elle cite l’exemple d’une subvention de 211 millions de dinars (2 millions d’euros) accordée par le ministère de la Solidarité nationale à l’Organisation nationale des étudiants algériens (ONEA).
Ce montant, précise le rapport, représente 59 % des subventions totales accordées à l’ensemble des associations. Le système de contrôle des fonds a été mis en cause par la Cour des comptes.
Cette dernière se demande comment une association estudiantine a pu bénéficier d’une subvention aussi importante et révèle que l’ONEA est présidée par un haut fonctionnaire du ministère de la Solidarité nationale. Le nom de cette personne n’a pas été dévoilé par le rapport de la Cour des comptes. Estce pour protéger l’ex-ministre ?
Cette association a bénéficié d’une autre subvention, du même ministère, de 2,24 milliards de dinars (20 millions d’euros) pour l’acquisition de bus scolaires, alors «qu’une opération planifiée datant de 2007 pour l’achat de 800 bus n’a pas été exécutée », ajoute le rapport. En 2011, le ministère de la Solidarité nationale était dirigé par Saïd Barkat.
Hocine Adryen