Hausse du SMIG : salariés, retraités, chômeurs… qui verra son revenu revalorisé ?

Hausse du SMIG : salariés, retraités, chômeurs… qui verra son revenu revalorisé ?
Augmentation du SMIG – Algérie

La perspective d’un relèvement du salaire national minimum garanti (SNMG) revient au cœur de l’actualité sociale. Et la dynamique s’est accélérée depuis le dernier Conseil des ministres, où le président Abdelmadjid Tebboune a chargé le ministre des Finances de préparer un projet d’augmentation du SMIG ainsi qu’une révision de la prime de chômage.

Une instruction qui s’inscrit dans un contexte de hausse des prix et de fragilité du pouvoir d’achat, et qui relance le débat sur l’impact de cette future révision. Les analyses recueillies auprès d’experts économiques, dessinent les contours d’un changement qui toucherait un large pan de la société.

Un projet de revalorisation du SMIG qui touchera public, privé et retraités

Le débat s’est intensifié après l’intervention de l’économiste Mahfoud Kaoubi, interrogé par Echourouk, pour qui la revalorisation du SNMG représentera « une étape sociale importante », d’autant plus qu’elle vient d’être reformulée au plus haut niveau de l’État.

Selon lui, la hausse concernera tous les travailleurs percevant le minimum légal, qu’ils relèvent du secteur public, de la fonction publique ou du privé.

Les estimations qui circulent évoquent un relèvement du SNMG à 25 000 dinars, une augmentation qui s’étendrait également aux retraités percevant les pensions minimales, comme lors des révisions précédentes. Kaoubi rappelle que la dernière modification remonte à 2020. Lorsque le seuil est passé de 18 000 à 20 000 dinars.

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Il revient aussi sur les mécanismes utilisés ces dernières années pour alléger la pression financière sans toucher directement au SNMG :

  • Hausse de la valeur du point indiciaire,
  • Élargissement de l’exonération de l’IRG jusqu’à 30 000 dinars,
  • Réduction de l’IRG pour certaines catégories dans les deux secteurs.

Mais selon lui, la conjoncture actuelle impose une révision « réelle » du salaire de base. « Le montant de 20 000 dinars ne couvre plus les besoins quotidiens », souligne-t-il. Une hausse profiterait d’abord aux catégories les plus exposées, dans un contexte budgétaire qu’il juge « délicat mais gérable ». Kaoubi estime que l’impact pourrait représenter jusqu’à 20 % de soutien supplémentaire pour certains ménages. Tout en considérant que la mesure ne devrait pas provoquer de nouvelle poussée inflationniste si la production suit.

Relever le SNMG : un effet immédiat sur la masse salariale et la fiscalité

Le spécialiste Aboubakr Salami, également sollicité par Echourouk, partage le même constat. La révision du SNMG, décidée par le président, répond à une « attente prolongée » et agit directement sur le pouvoir d’achat des travailleurs.

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Pour lui, la hausse doit être « réelle et ressentie » pour que les familles en tirent un bénéfice concret.
Il détaille plusieurs effets automatiques :

  • Tous les employés déclarés à la CNAS seront concernés ;
  • Les employeurs devront légalement s’aligner sur le nouveau seuil ;
  • La limite d’exonération fiscale pourrait être relevée, car l’IRG ne s’applique actuellement qu’au-dessus de 30 000 dinars.

Il précise aussi que si le salaire minimum révisé reste sous la barre des 30 000 dinars, il sera exempté d’IRG, ce qui permettra aux travailleurs de toucher la hausse sans retenues.

La réussite du dispositif dépendra du respect strict de la loi par les entreprises privées : « Le texte est clair, aucune rémunération ne doit être inférieure au SNMG. »

Un salaire minimum qui a changé au rythme des évolutions sociales

L’histoire du SNMG accompagne les mutations économiques du pays depuis plus de trente ans.
Plusieurs paliers marquants reviennent :

  • 10 000 dinars en 2004
  • 12 000 dinars en 2007
  • 15 000 dinars en 2010
  • 18 000 dinars en 2012
  • 20 000 dinars en 2020

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Chaque ajustement reflétait une nouvelle réalité économique. Le prochain, s’il est entériné après la décision présidentielle récente, s’inscrira dans le même mouvement, renforcer le pouvoir d’achat et ajuster la structure salariale au coût de la vie.

L’éventuelle révision du SNMG ouvre un débat plus large sur la fiscalité, la capacité des entreprises à s’adapter et la dynamique inflationniste. Ainsi, dans un pays où une frange importante des salariés vit au seuil du minimum garanti, la décision attendue aura un impact immédiat et collectif, bien au-delà des chiffres.