Les yaourts connaissent, depuis hier, une hausse des prix de 1 da, selon certains détaillants, en dépit de la subvention indirecte de l’état au lait cru collecté auprès des éleveurs algériens pour encourager la production locale. cette augmentation semble échapper aux producteurs de ces produits dérivés du lait.
Un tour dans plusieurs commerces d’alimentation générale a permis de connaître les prix de vente aux consommateurs des différentes marques de yaourts. Le produit Soummam coûte entre 15 et 17 DA alors que ceux des marques Trèfle et Danone sont à 20 DA. Interrogés sur cette augmentation, certains commerçants indique «qu’elle est intervenue depuis un certain temps», tandis que d’autres affirment qu’elle est «récente». Contactés, les producteurs sont injoignables, seul le directeur de collecte de lait cru du producteur Soummam, M. Alaouchiche a relevé que l’entreprise n’a pas augmenté les prix de ses yaourts. «Les détaillants sont libres de fixer les prix des produits Soummam», observe-til. Toutefois, il précise que ce produit fabriqué à base de lait cru subventionné à 12 DA/litre et donc acheté à 34 DA au lieu de 46 DA à l’éleveur revient en réalité à 50 DA avec tous les frais. Pour sa part, le porte-parole de l’Union générale des commerçant et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, a indiqué que l’Union avait annoncé une augmentation des prix des produits agroalimentaires durant les trois premiers mois de 2012, à hauteur de 20% à 30% et ce, en raison de la dépendance du marché algérien de l’international à hauteur de 50%. «La majorité des produits alimentaires sont cotés en bourse, leur importation a atteint 6 milliards de dollars en 2010, plus de 8 milliards de dollars en 2011 et plus de 10 milliards de dollars attendus pour 2012», précise M. Boulenouar. A cette raison viennent s’ajouter d’autres motifs : le déficit de la production nationale en la matière avec une demande supérieure à l’offre, la spéculation et les pratiques manipulatrices de certains producteurs et importateurs qui détournent, selon le responsable de l’UGCAA, une partie de la poudre de lait acquise auprès de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) par des transformateurs pour la fabrication des produits dérivés du lait. Pour lui, les services de contrôle sont défaillants et n’interviennent qu’au niveau des vendeurs détaillants au lieu de remonter à la source, soit les producteurs. En outre, la filière lait n’est pas organisée, ce qui rend caduque toute tentative de traçabilité.
DE LA POUDRE DE LAIT DÉTOURNÉE
«Par ailleurs, certains producteurs mélangent le lait cru à la poudre de lait tout en bénéficiant de la subvention de 12 DA par litre de lait cru. Ils se font ainsi une double marge bénéficiaire», signale M. Boulenouar. Chose confirmée par certains éleveurs qui dénoncent les pratiques de leurs confrères. «L’Etat doit revoir sa politique de subvention qui doit aller plutôt vers le consommateur (nécessiteux) au lieu du producteur, car elle ouvre la voie à la fraude», estime le responsable de l’UGCAA. Une situation que reconnaît à demi-mot le DG de l’ONIL, Fethi Messar tout en minimisant sa portée.
«L’ONIL contrôle ses clients grâce à un logiciel et des visites inopinées au niveau des laiteries, mais cela n’empêche pas le détournement de la matière première», dit-il. S’agissant des prix de la poudre de lait, il indique que l’Office importe plusieurs catégories : la poudre avec 26% de matières grasses pour le lait entier au prix de 4 000 à 4 700 dollars la tonne, la poudre écrémée entre 3 200 et 3 700 dollars et la MGLA entre 4 500 et 5 000 dollars la tonne. Les deux catégories de poudre pour le lait entier et la poudre de lait écrémé sont utilisées à la fabrication des yaourts. L’ONIL approvisionne 144 laiteries, à travers le territoire national dont 99 privées et 15 publiques pour des besoins nationaux de 1,4 milliard de litres par an couverts, selon lui, à 100%. Le stock de sécurité peut assurer l’approvisionnement jusqu’après le mois de Ramadhan 2012. Fella Midjek