Si on prend une séquence de 10 ans, de 2005 à 2014, on peut enregistrer une forte chute de la valeur de la monnaie nationale.
Le Snapap estime, dans une étude élaborée en 2014, qu’il faut un minimum vital de 55 414,11 DA par mois pour une famille de cinq personnes. Les dépenses relatives au logement, à l’alimentation, à l’habillement ainsi qu’à la santé font fondre le budget des salariés. Il faut 17 635 DA à mettre dans l’alimentaire et 5166,6 DA dans l’habillement, selon l’étude du Snapap, pour qui “nul ne peut contester la réalité des chiffres, nous devons y faire, à chaque fois, référence, sans être gênés ou tomber dans le misérabilisme, pour contraindre le pouvoir à changer de cap et à imposer un ordre économique en Algérie”. L’UGTA estimait, elle, dans une étude datant de 2011, et consacrée au pouvoir d’achat, à 38 000 DA le budget familial nécessaire pour une famille de six personnes. Une majoration moyenne des prix des produits de première nécessité de 13% a entraîné un supplément en dépenses de plus de 4000 DA entre 2009 et 2011, est-il indiqué dans ce document. L’étude relève aussi que le budget consacré à l’alimentaire en 2011 équivaut à 17 750 DA, dépassant ainsi le SNMG de l’époque qui était de 15000 DA. Toutefois, le chapitre des dépenses alimentaires dans le budget familial est en dessous du niveau symbolique de 50% entre 2009 et 2011. Il est descendu jusqu’à 47,83%, alors que les prix le concernant n’ont pas baissé. Ils ont en fait enregistré une diminution modeste de 6%. Cela est dû en fait à une meilleure disponibilité des produits, fait constater l’UGTA. Quant aux dépenses liées au transport et à la communication, elles ont plus que triplé depuis 2003, alors que celles se rapportant au logement et aux frais annexes ont plus que doublé. Entre 2009 et 2011, ce sont les mêmes postes de dépenses qui ont augmenté. L’UGTA relève également que, mis à part quelques rabais proposés par certains opérateurs à l’occasion du mois sacré, on n’assiste jamais à des baisses des prix durables. Elle fait remarquer que certaines dépenses explosent depuis 2003. Depuis, l’inflation n’a pas été inhibée et c’est le pouvoir d’achat qui continue d’en pâtir, rappelle Amar Takdjout, président de la fédération nationale de textile, cuir et habillement, affiliée à la centrale syndicale. Aujourd’hui, ajoute-t-il, il faut un salaire de 40 000 à 50 000 DA pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, dans une enquête qu’il avait publiée fin 2013, l’Office national des statistiques (ONS) analysait et quantifiait les augmentations salariales effectuées en 2012, aussi bien dans le secteur économique que dans la fonction publique. Ainsi, le salaire net moyen était d’environ 45 000 DA dans le public, en 2012, soit un relèvement de 9,1% par rapport à 2011 et d’environ 25 700 DA, une hausse de 7,5%, dans le privé. Les salaires nets moyens les plus élevés sont enregistrés dans les secteurs des industries extractives (85 000 DA et, pour les cadres, 105 000 DA) et de la finance (50 500 DA et, pour les cadres, 62 200 DA), les plus bas sont observés dans le secteur privé de la santé et dans la construction (23 700 DA et, pour les cadres, 44 200 DA). Un cadre du secteur public perçoit un salaire net moyen de plus de 68 600 DA, contre 59 400 DA pour un cadre du privé. Le salaire national minimum garanti (SNMG) a été, lui, revalorisé à cinq reprises. Il est fixé à 18 000 DA aujourd’hui. Pour autant, le pouvoir d’achat des ménages n’a pas été amélioré. L’inflation, l’envolée des prix des produits de grande consommation ainsi que la forte dépréciation du dinar ont grevé le budget des ménages. Les revalorisations salariales sus- évoquées n’ont pas profité, en fait, aux ménages dans un pays où la masse monétaire gagne en quantité et perd en valeur. Et dans ce contexte, la mythique coupure de mille dinars fait figure de chétif billet, ne valant pas grand-chose dans le panier de la ménagère.