A l’approche du mois sacré de Ramadhan, les ménagères commencent à se plaindre des prix des légumes et des viandes. Les petites bourses s’inquiètent déjà. C’est devenu une tradition dans notre société.
A près d’un mois de Ramadhan, on commence les préparatifs pour bien recevoir ce mois sacré. Le grand ménage et les achats ménagers ne sont plus une priorité, mais ce sont plutôt les économies. Le mercure serait à la hausse.
Pas celui de la température mais celui des prix des fruits et légumes, des viandes blanche et rouge. Cette année n’échappera pas à la règle.
Même si cette fois, le jeûne interviendra en plein été, où les récoltes en fruits et légumes doivent être abondantes vu qu’il a beaucoup plu, cette saison. Sans oublier les produits stockés dans les chambres froides.
Les petites bourses dépassées
Alors que le prix du poulet est stable, celui des légumes continue à prendre des ailes. L’oignon et la tomate frôlent des prix inaccessibles.
Sur les étals du marché de Raïs Hamidou, à Alger, les prix des légumes sont exorbitants. La carotte et le navet sont vendus à 100 dinars le kilogramme, la courgette est cédée à 70 dinars et la laitue atteint les 110 dinars. La tomate est proposée à 120 dinars, les poivrons et l’oignon atteignent 140 DA.
«C’est très cher», affirme une dame âgée. «Les prix des légumes sont inaccessibles», lance une autre. «Ce ne sont plus des vendeurs de légumes mais des pharmaciens. Tous des spéculateurs», s’indigne un homme âgé. Quant aux vendeurs, ils se défendent d’être les instigateurs de la hausse des prix.
«Ce n’est pas de notre faute si les prix sont chers. Au marché de gros, c’est aussi cher. On doit aussi penser aux frais de transport», expliquent-ils.
Le marché Clausel au centre d’Alger n’échappe pas à la règle. Les prix sont aussi élevés. Celui de Bab El Oued est, cependant, plus clément.
Tomate, navet et courgette sont cédés entre 55 et 85 DA. Mais pour Lounès, jeune marié, les prix sont insensés. Selon lui, les petits marchands de légumes n’y sont pour rien.
«A peine s’ils gagnent entre 10 et 15 dinars. Les grossistes imposent leur diktat et leurs prix», a-t-il ajouté. Sur ce point, une visite au marché de gros s’impose. Les prix affichés sur les étals sont plus ou moins accessibles.
Selon certains vendeurs, les légumes frais ayant plus de qualité sont vendus un poil plus cher que d’autres. Tomate, carotte et navet avoisinent les 30 DA.
L’oignon et la laitue frôlent les 50 DA, quant à la pomme de terre, elle ne dépasse pas les 20 DA. Les clients, quant à eux, disent être moyennement satisfaits des prix.
«Tout est cher. Les fruits et légumes ne peuvent pas être une exception», explique un vendeur de détail, venu s’approvisionner.
Les vendeurs de poulet prévoient une envolée des prix
Par ailleurs, au niveau des marchés visités, le poulet maintient son prix depuis près de deux mois. Mais à l’approche des grandes chaleurs, les vendeurs prévoient son augmentation.
«A l’approche des grandes chaleurs, les aviculteurs vont réduire leur production et les prix vont ainsi augmenter», explique l’un d’eux.
Une période qui coïncide avec le mois de Ramadhan où tous les moyens sont bons pour les commerçants. Pour Houria, «le poulet est abordable. On le consomme faute de viande rouge, toujours inaccessible».
Le kilo de poulet coûte 200 DA et celui de la viande rouge varie entre 1200 et 1400 DA. Profitant du prix très abordable du poulet, certaines ménagères passent au mode congélation. Toutefois, il faut signaler que ce prix va reprendre sa hausse dès début juin.
«Pas de pénurie de légumes durant Ramadhan», selon l’UGCAA
Tahar Boulanouar, président de l’UGCAA, de son côté, a tenu à rassurer le citoyen, dans un entretien téléphonique avec Le Temps d’Algérie, quant à la disponibilité des légumes et fruits au cours du mois de Ramadhan.
«Il y a une abondance de production.» Plusieurs agriculteurs commencent déjà à approvisionner les marchés de gros. De l’Est à l’Ouest, de Mostaganem à Skikda en passant par la Mitidja .
Il a indiqué que «le citoyen doit s’attendre à une hausse des prix après le mois du jeûne. L’offre diminuera et la demande augmentera, les prix suivront».
Il a toutefois imputé le problème de la hausse des prix au manque de marchés de proximité pouvant absorber la différence des prix qui atteint parfois les 100%.
«Les chambres froides ne jouent pas leur rôle», assure-t-il, relevant que «par contre, le prix de la viande restera inchangé, à l’exception d’une légère hausse du prix du poulet, à cause des fortes chaleurs».
Il a ensuite indiqué qu’«il faudrait s’attendre à une vertigineuse hausse des prix, après le mois de Ramadhan, où les produits se feront rares. Aucun plan de distribution, ni accompagnement d’agriculteurs n’est mis en place par l’Etat».
Les spéculateurs auront-ils le dernier mot ?
De leur côté, le ministère du Commerce ainsi que celui des Collectivités locales rassurent le citoyen. Mustapha Benbada et Ould Kablia avaient affirmé, le 13 mai courant, que le mois de Ramadhan «s’annonce sous de bons auspices».
Ils avaient affirmé que «des dispositions ont été prises, aussi bien en denrées alimentaires qui vont être abondantes et à bas prix sur les étals».
Il reste, cependant, que chaque année, le même scénario se répète. Un discours rassurant alors que les prix flambent déjà.
L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) propose, de son côté, des programmes de sensibilisation.
L’UGCAA est souvent incapable de freiner l’appétit des spéculateurs, malgré ses bonnes intentions et déclarations. Tandis que le ministère du Commerce reste immobile face aux dépassements des commerçants spéculateurs.
Fella Hamici