Hausse des frais d’inscription dans les universités pour les étrangers: Les étudiants algériens en France ne baissent pas les bras

Hausse des frais d’inscription dans les universités pour les étrangers: Les étudiants algériens en France ne baissent pas les bras

Par Samia Lokmane Khelil

La mobilisation des étudiants algériens en France contre le projet de hausse des frais d’inscription dans les universités, pour les étrangers, ne faiblit pas. Passées les vacances de Noël, ils comptent se faire entendre à nouveau en organisant des rassemblements afin d’obliger le gouvernement français à faire machine arrière.

Ces manifestations se tiendront dans le cadre d’une coordination formée par l’Union des étudiants algériens de France (UEAF) et plusieurs autres organisations d’étudiants étrangers, principalement d’Afrique et d’Amérique latine.

Mohamed Bouzid, président de l’UEAF de l’université de Paris 13 annonce par ailleurs la tenue de nouvelles assemblées générales qui serviront à sensibiliser davantage les étudiants français. Un premier rassemblement s’est tenu au début du mois de décembre devant le siège du Panthéon à Paris. Depuis, les étudiants étrangers ont reçu de nombreux soutiens.

Le dernier en date émane de nombreuses personnalités (universitaires, journalistes, artistes) qui ont mis en ligne une pétition où ils accusent le président Emmanuel Macron et son gouvernement de vouloir construire “un mur d’argent” pour empêcher les jeunes maghrébins et africains d’aller étudier en France. “Le gouvernement affirme vouloir attirer des étudiants des pays émergents, Chine, Brésil, Russie, et inciter au contraire les étudiants du Maghreb et d’Afrique francophone (qui représentent 45% des étudiants étrangers en France) à étudier dans des programmes implantés dans leur pays d’origine. Cette sélection selon la richesse et l’origine géographique est insupportable.

C’est un coup porté à la francophonie comme institution et à la solidarité que nous devons aux autres pays de cet espace linguistique. C’est aussi un coup porté au français comme langue d’enseignement dans le monde”, soulignent-ils dans une tribune publiée il y a deux jours dans le Journal du Dimanche.

Parmi les signataires de la pétition figurent Lyllian Thuram, ancien footballeur et président de la fondation Éducation contre le racisme, les actrices Isabelle Adjani et Juliette Binoche, le réalisateur Cédric Klapish et le philosophe Georges Didi-Huberman. Dans leur esprit, le projet intitulé “Bienvenue en France” comporte une forme d’escroquerie.

“21 000 bourses seulement sont prévues, pour 340 000 étudiants étrangers à l’heure actuelle. La plupart d’entre eux ne peuvent absolument pas se permettre ni de payer ces droits, qui représentent pour leur budget des sommes considérables, ni de grever leur avenir en s’endettant auprès des banques. C’est donc tout simplement à leur rêve d’étudier en France que cette mesure met fin”, déplorent les pétitionnaires.

Les mêmes critiques ont été exprimées par les responsables des universités françaises il y a quelques semaines. Ils avaient également demandé au gouvernement de surseoir à son projet d’augmenter les frais de scolarité estimant que “les étudiants internationaux contribuent au développement de la France et à son rayonnement dans le monde”.

Mais en dépit de ces appels, les autorités de l’Hexagone ne semblent pas vouloir revenir sur leur décision. La ministre de l’Enseignement supérieur, Dominique Vidal, a voulu calmer le jeu en affirmant que les étudiants déjà en France ne sont pas concernés par la hausse des frais de scolarité.  Dans l’opposition, beaucoup reprochent au président Macron de vouloir freiner l’arrivée des étudiants maghrébins et africains qui constituent d’après lui, un réservoir migratoire. Il aurait, selon des indiscrétions, tenu ce discours en recevant des députés de sa majorité en décembre dernier. Mais l’Élysée a démenti.

S. L.-K.