Réputée pour l’abondance et la qualité de ses dattes, l’Algérie pourrait bien en devenir le premier exportateur mondial.
Avec plus de 12 millions de palmiers-dattiers, le pays compte mettre à profit son principal atout agricole pour constituer une économie diversifiée et durable.
Dans le cadre des efforts du gouvernement de promouvoir la culture dattière, Algérie Poste a mis en vente depuis début octobre quatre timbres postaux illustrant le thème « Dattes d’Algérie ». D’autres mesures comprennent l’extension d’une facilité de crédit destinée spécifiquement au secteur agricole. Ce crédit RFIG permet aux exportateurs de dattes de bénéficier de prêts sans intérêt, remboursables sur 18 mois.
Le gouvernement a également mis en place un nouveau concept baptisé « Le couloir vert », qui offrira aux exportateurs de dattes une assistance financière liée aux impôts, aux douanes et à l’administration, ainsi qu’une plus grande flexibilité dans les opérations d’exportation portuaires et aéroportuaires.
« Nous avons le potentiel naturel nécessaire pour faire de ce pays un paradis vert, mais malheureusement, un nombre considérable de familles ont abandonné leurs terres faute de moyens et d’appui de la part des autorités », a expliqué à Magharebia Salah Ourad, un agriculteur.
« J’espère que cette aide ne sera pas éphémère et qu’elle sera consolidée avec le temps », a-t-il ajouté.
Le 13 octobre, le ministre de l’Agriculture Rachid Benaissa avait annoncé la création d’une société destinée à promouvoir les produits locaux, notamment les dattes, les raisins et les produits des olives, promettant de compenser le manque de soutien connu dans le passé.
Selon l’agronome Mokhtar Abdi, avec des millions de palmiers-dattiers couvrant quelque 160 000 hectares, l’Algérie peut encore développer son potentiel de devenir le plus gros exportateur mondial de ce produit. En 2009, la production de dattes a atteint 5 861 millions de quintaux, et elle devrait dépasser la barre des 6 millions cette année, selon le ministère de l’Agriculture.
Les statistiques font apparaître des niveaux de production record dans la wilaya de Biskra, qui compte 4,1 millions de palmiers-dattiers, dont 60 pour cent (2,5 millions) sont de la variété Deglet Nour, la « Reine des dattes ». De plus, la province compte 550 000 arbres de la variété molle blanche.
Selon Benaissa, cette augmentation est due aux divers programmes de développement agricole lancés par les autorités, ainsi qu’au niveau de suivi de la santé des plants et du traitement préventif de plusieurs maladies susceptibles d’affecter les palmiers-dattiers. Il existe également d’autres perspectives de bonne récolte dans un autre haut-lieu de la production dattière, El Oued, qui compte 1 891 382 millions de quintaux.
Avec une économie dépendant exclusivement des hydrocarbures (95 pour cent des exportations), l’Algérie tente de surmonter sa dépendance et de diversifier son économie.
« Nos voisins au Maroc et en Tunisie ont su comment dépasser cet obstacle en exploitant leurs ressources naturelles hors hydrocarbures comme les sites touristiques, la culture des fruits et légumes, pour assurer les entrées en devises. Avec un potentiel beaucoup plus important, l’Algérie reste coincée et peine à relever les défis de l’après-pétrole », a expliqué l’économiste Karim Ouali.
« Le retour à des produits du terroir tels que les dattes, l’huile d’olives, etc., constitue un pas important qui peut porter un appui fort non seulement au secteur agricole, mais également à la promotion du tourisme », a-t-il ajouté.